Un nouvel écosystème alimentaire est en train d’être créé dans lequel les retailers, les fabricants et les fournisseurs de services cherchent à coopérer pour mieux servir les consommateurs. Les data forment ici un lien indispensable.
Il existe encore des taches blanches
C’est ce qui ressort des différentes interventions qui ont eu lieu lors du tout premier RetailDetail Food Congress. Nous vous faisons parvenir quelques conclusions. Dont celle-ci : si Jumbo devait ouvrir un supermarché dans la Bussestraat à Rumst, l’enseigne pourrait y servir 2.500 clients locaux et générer un chiffre d’affaires de 21,8 millions d’euros. Et un exemple de ce dont sont capables les spécialistes big data de RetailSonar. Sur base de données provenant de sources très diverses, ils peuvent non seulement prévoir le chiffre d’affaires d’un supermarché, mais également savoir combien d’argent est prélevé chez quel concurrent. L’intelligence artificielle offre de merveilleuses possibilités. Jumbo n’était pas présent au congrès, la concurrence oui.
Il y a un trou énorme dans le marché …
… et personne ne saute dedans. Tel était le message de l’ethnomarketeur Rachid Lamrabat de Tiqah. Les marques et les retailers ont des difficultés à servir les consommateurs d’origines culturelles différentes, alors que ceux-ci demandent à être soutenus au niveau de leur énorme besoin de ‘convenience’. Aujourd’hui, ils doivent se rendre dans plusieurs magasins (parce que personne ne propose une gamme complète) et passer des heures en cuisine (parce qu’il n’existe pratiquement pas de produits de convenance). De récentes histoires à succès d’entreprises telles que Tiense Suiker et Spadel témoignent d’un potentiel énorme.
L’avenir est dans la livraison à domicile
Si l’e-commerce perce également dans le secteur des courses hebdomadaires – et personne n’en doute réellement – ce sera grâce à la livraison à domicile, pas via les points d’enlèvement. C’est ce qui ressort de l’histoire d’Ocado, un supermarché britannique 100% online qui réalise un chiffre d’affaires d’un milliard et demi de livres sterling aujourd’hui. Et qui génère des profits. Ocado livre à domicile, entre cinq heures et demie du matin et une heure et demi du matin. Les clients choisissent un créneau horaire d’une heure (un nouveau créneau débute chaque demi-heure) et 95% des livraisons sont à l’heure. Le secret ? Des centres de distribution automatisés de haute technologie.
Delhaize est sur cette même longueur d’onde. La livraison à domicile du retailer a dépassé le ‘click & collect’ depuis le mois dernier, explique la directrice marketing Aude Mayence. Et ce alors que le service de livraison a été lancé il y a deux ans seulement. Des concepts à plus petite échelle tels que le marché agricole online eFarmz ou le vendeur de box repas Smartmat livrent également à domicile. Mathieu de Lophem de l’entreprise de livraison de repas Deliveroo a également tâté le terrain en annonçant vouloir lancer un service de livraison pour tiers. Pourquoi pas pour les retailers alimentaires ? PostNL est également prête à livrer des aliments frais à domicile. Cela va provoquer des bousculades ! La consommation à l’extérieur augmente par ailleurs, et les restaurateurs doivent également faire face à la numérisation, d’après Growzer.
Plus que jamais, le prix est transparent
Les gros titres des journaux en ont parlé : Jumbo pratique des prix qui, en moyenne, sont 11% moins cher que les prix Colruyt, selon les calculs du spécialiste data Daltix. C’est ce qui ressort d’une comparaison de prix faite en ligne, se défend Colruyt qui prétend que la méthode n’est pas tout à fait exacte puisqu’il s’agit d’une comparaison non pondérée. Il existe de nombreux désaccords entre les experts à ce sujet : Test-Achats n’exerce pas de réelle influence. Bref, ce qui est clair, c’est que la nervosité augmente et cette attention axée sur les comparaisons de prix ne diminuera pas.
Un deuxième fait intéressant présenté par Daltix : si Carrefour souhaite réellement être la marque bio la moins chère de Belgique, elle a encore énormément de travail à effectuer. Une enquête menée dans l’hypermarché de Waterloo démontre que seul 18% des produits Carrefour Bio sont moins chers que chez Colruyt. Au niveau des marques A, ce chiffre affiche 13%. Certes, il s’agissait d’un « instantané » et d’un panier qui était limité, mais on n’a pas entendu de protestations de la part de Colruyt.
La personnalisation, est-ce l’avenir ?
Dans un monde qui regorge de conseils nutritionnels contradictoires, où de nombreux experts auto-proclamés se contredisent, l’intérêt de la science ‘sérieuse’ refait surface, déclare Nils Van Dam de Duval Union Consulting. Il est rejoint par Ignace de Nollin de Smart with Food, l’appli qui, pour l’instant, cartographie surtout les allergènes mais qui, à l’avenir, pourrait devenir une base pour fournir des conseils alimentaires personnalisés. Jean Van Damme de Startle perçoit également un bel avenir pour la personnalisation et d’autres percées scientifiques, à condition qu’elles ne perdent pas de vue la perspective du consommateur. Nous allons suivre cette évolution et nous vous donnons rendez-vous l’année prochaine lors de la seconde édition.
Des images d’ambiance du RetailDetail Food Congress sont à consulter sur la page Facebook de RetailDetail.