Carrefour Belgique mise intensément sur le bio, mais les fournisseurs prêts à faire le pas vers le bio sont peu nombreux : jusqu’à présent seuls quatre agriculteurs belges se sont engagés, alors que le retailer en recherche cinquante.
En quête d’agriculteurs
Carrefour entend devenir la marque bio la moins chère de Belgique. Pour ce faire l’enseigne a annoncé en septembre dernier vouloir soutenir cinquante agriculteurs prêts à faire le pas vers le bio. Entretemps seuls quatre agriculteurs wallons se sont engagés, rapporte le journal La Libre Belgique.
« Beaucoup d’agriculteurs bios refusent, par philosophie, de travailler pour la grande distribution », explique Bernard Mayné du ‘Collège des Producteurs’, une association de soutien aux agriculteurs wallons. Mais il y a d’autres obstacles : il n’est pas évident de fournir les volumes demandés à dates et heures fixes comme l’exigent les grandes chaînes de supermarchés. De plus les grands retailers ont des exigences spécifiques au niveau de l’emballage, des codes-barres et des standards auxquels doivent répondre les fruits et légumes.
Vers une guerre des prix dans le secteur bio ?
D’autre part la communication promotionnelle de Carrefour axée sur les prix bas n’est pas pour plaire aux agriculteurs, souligne Mayné : la guerre des prix bat déjà son plein dans la grande distribution et les agriculteurs ne veulent pas que celle-ci s’étende vers le bio.
Carrefour a pourtant pris en compte cette préoccupation en adaptant le slogan de sa campagne : à la phrase « Carrefour s’engage à rendre le bio accessible à tous », le retailer a ajouté « dans le respect de tous les intervenants », soulignant ainsi que sa politique de prix bas ne se fera pas au détriment des producteurs.
Un bon point de départ
Carrefour confirme que quatre fournisseurs – un producteur laitier et trois maraîchers – se sont engagés à opérer une transition vers le bio et ont signé un contrat avec le groupe. Pour Pascal Léglise, responsable de la stratégie ‘Act For Food’ de Carrefour en Belgique, ce nombre n’est pas un échec, mais un bon point de départ : le retailer dit ne pas encore avoir prospecté à fond et avoir commencé ses recherches en interne afin de donner priorité aux fournisseurs existants.
D’autre part il estime que le circuit doit d’abord être parfaitement organisé avant d’accueillir d’autres fournisseurs bios : « On veut être sûrs que cela fonctionne », précise-t-il.
« Nous devons nous adapter aux agriculteurs »
Léglise ne nie pas les obstacles précités, car ceux-ci ont déjà été évoqué par les producteurs locaux lorsque le distributeur en 2012 a voulu développer ce segment. « Finalement ça a marché. Avec le bio ça marchera aussi, à condition que la grande distribution s’adapte aux producteurs, sinon on va tuer le bio », affirme-t-il. Les retailers devront par exemple accepter qu’il y ait parfois des ruptures de stocks.
En outre la garantie du plus bas prix ne concerne pas les producteurs bios locaux, mais uniquement la marque maison bio de Carrefour, précise Léglise. « Notre but n’est pas de mettre la pression sur les producteurs belges, mais de les rémunérer justement », conclut-il.