Les rumeurs concernant une offre de rachat imminente de Carrefour sur son rival Casino refont surface. Ce rapprochement donnerait naissance à un solide numéro un, tant en France qu’au Brésil, mais un certain Daniel Kretinsky pourrait mettre des bâtons dans les roues …
En difficultés financières
Depuis plusieurs semaines Carrefour étudie une offre de rachat hostile sur Casino, confient des sources anonymes à BFM Business. Cette offre s’élèverait entre 4 et 4,2 milliards d’euros, soit 25% de plus que sa valeur actuelle. Une prime avec laquelle Carrefour veut avant tout séduire les banques, car il ne fait aucun doute que le PDG de Casino Jean-Charles Naouri refusera l’offre. Pourtant le PDG est en difficultés financières : plusieurs sociétés du groupe ont été placées en procédure de sauvegarde judiciaire et la maison-mère Rallye ploie sous une dette de 2,9 milliards d’euros.
Pourtant Carrefour hésite à lancer une offensive et ce à cause de Daniel Kretinsky : la semaine dernière l’investisseur tchèque – qui auparavant avait déjà tenté d’acquérir le contrôle de Metro – et son partenaire d’affaires Patrik Tkac ont pris une participation de 4,63% dans Casino, via leur véhicule d’investissement commun Vesa Equity Investment. A la grande joie du PDG Naouri, qui voit dans cette participation une preuve de confiance. Selon certains observateurs, il s’agit surtout d’une manœuvre pour contrecarrer Carrefour.
Besoin de consolidation
Les spéculations concernant un possible rapprochement entre les deux groupes ne sont pas nouvelles : il y a un an Casino disait avoir été approché par son concurrent, mais Carrefour avait alors formellement démenti cette information. Pourtant cela semble logique : Alexandre Bompard est conscient de la nécessité de consolidation dans le secteur food. En outre il craint qu’un éventuel démantèlement du groupe Casino profite surtout à ses concurrents directs : des groupes comme Auchan et E.Leclerc pourraient racheter certaines enseignes ou magasins.
Selon les calculs des analystes, une fusion pourrait générer une économie de 0,7 à 1,1% du chiffre d’affaires, soit environ 1 milliard d’euros, ce qui à son tour ferait grimper le bénéfice opérationnel de 30% d’un coup. Un tel groupe fusionné atteindrait une part de marché de 30% en France, voire même de 50% au Brésil. Et c’est là que la bât blesse : les autorités de la concurrence accepteraient-elles une telle dominance. Sur le marché français le chevauchement des deux groupes est important, surtout dans le format de proximité. Une éventuelle fusion s’accompagnerait donc inévitablement de la cession d’un grand nombre de magasins.