Les temps sont durs pour Auchan. Début mars le géant français de la distribution a annoncé une perte de plus de 1,1 milliard d’euros et procède maintenant à une vaste réorganisation.
700 à 800 employés dans l’incertitude
Après Carrefour et Casino, Auchan est le troisième grand distributeur français à annoncer une vaste réorganisation. Le groupe, qui début mars avait fait état d’une perte annuelle de plus de 1,1 milliard d’euros (sur un chiffre d’affaires annuel d’environ 40 milliards d’euros), avait entamé un exercice de rentabilité pour ses 637 magasins et sites commerciaux en France. Résultat : une liste de 21 sites déficitaires, dont le groupe ne peut ou ne veut plus compenser les pertes. Parmi ceux-ci figurent 13 supermarchés, 4 points de retrait Chronodrive, 2 halles et un hypermarché. Les sites concernés comptent 700 à 800 employés.
Selon les experts en retail, les distributeurs français se sont trop longtemps focalisés sur la croissance rapide des mètres carrés de surfaces de vente. Une stratégie qui ne peut perdurer que si le gâteaux s’agrandit. Mais à l’heure où les dépenses dans les supermarchés et hypermarchés français n’augmentent plus, ce modèle a atteint son plafond. « Auchan était jusque-là dans le déni, mais n’a maintenant plus le choix », explique le spécialiste de la grande distribution Olivier Dauvers dans le journal La Croix.
Davantage de magasins de proximité et d’indépendants
Auchan a trop tardé à changer son fusil d’épaule, comme en témoigne son portefeuille de magasins sur son marché domestique (dont provient 35% du chiffre d’affaires) : le groupe génère encore 80% de son chiffre d’affaires dans ses hypermarchés. Dans ce segment Auchan a du mal à faire face à l’offensive prix de son grand concurrent Leclerc et à la montée des géants online comme Amazon. De plus, les actions des gilets jaunes qui ne cessent de bloquer l’accès aux grands centres commerciaux, n’ont fait qu’empirer les choses : rien qu’en novembre et décembre Auchan a perdu 140 millions d’euros de chiffre d’affaires.
« Le portefeuille de formats d’Auchan n’est pas en phase avec l’époque », estime Dauvers. De fait, Auchan compte à peine 350 magasins de proximité, le segment qui a le vent en poupe et qui de plus génère des marges plus élevées. A titre comparatif : Intermarché en compte déjà 1.600. En outre Auchan, tout comme Carrefour d’ailleurs, compte nettement plus de magasins intégrés, tandis que des groupes comme Intermarché, Leclerc et Système U travaillent davantage avec des indépendants, qui généralement s’adaptent plus rapidement aux changement du marché.
Le président du directoire Edgar Bonte, aux commandes depuis octobre, continue de croire au potentiel des hypermarchés, à condition qu’ils se réinventent, avec un focus accru sur l’expérience client (horeca, food corners, etc.) et davantage de shop-in-shops en collaboration avec d’autres enseignes de la maison-mère Mulliez Holding, dont Decathlon, Leroy Merlin ou encore Kiabi.