Sun Art, le groupe retail chinois appartenant à l’entreprise française Auchan et à la société chinoise Alibaba, se dote d’un nouveau dirigeant. Ce qui, à première vue, semble être un simple ‘changement au sommet’ est une preuve supplémentaire que la Chine est tout sauf un marché facile pour les entreprises occidentales.
La porte de sortie pour le directeur général français
Auchan se prépare-t-il à un retrait progressif de la Chine ? La rumeur a été lancée en novembre dernier, lorsque le géant chinois de l’internet Alibaba a déboursé 2,9 milliards de dollars pour 36,16% des actions de Sun Art Retail Group. À ce moment-là, les Français possédaient près des trois quarts des actions (le reste était aux mains du groupe taïwanais Ruentec de la chaîne de supermarchés RT-Mart). Sun Art opère en Chine avec deux formules (Auchan et RT-Mart) et exploite 484 supermarchés et hypermarchés.
Une nouvelle rumeur a émergé fin 2018 : RT-Mart allait reprendre Auchan China. Il n’est toutefois pas (encore) question d’une reprise : dans un communiqué de presse, Sun Art confirme qu’Auchan renonce à la direction opérationnelle de sa filiale chinoise. Au mois de mai, le directeur général français Ludovic Holinier, un homme d’Auchan, sera remplacé par Ming-tuan Huang, le Taïwanais qui a fondé RT-Mart China et en a fait l’un des plus importants groupes retail du pays.
Ce ‘changement au sommet’ fait suite à la décision prise par le conseil d’administration de Sun Art au mois de décembre dernier d’intégrer les deux chaînes dans une large mesure « afin d’améliorer l’efficacité des opérations, de mieux répondre à l’environnement concurrentiel difficile et de garantir un meilleur service aux clients ». Il y aura un seul siège social commun, les deux chaînes se partageront la chaîne logistique de RT-Mart et RT-Mart aidera Auchan à moderniser le système informatique de ses magasins. Dans le communiqué de presse, Sun Art souligne que la fusion des deux chaînes n’aura pas lieu : « La marque et l’identité d’entreprise de RT-Mart et d’Auchan restent inchangées », semble-t-il.
« Le retail chinois en pleine transformation »
« Le retail chinois est en pleine transformation. L’ampleur de ce changement et son impact sur notre secteur n’ont jamais été aussi importants », déclare le PDG sortant Holinier. « De nouvelles technologies émergent presque quotidiennement et de nouveaux concurrents pénètrent le marché. Par ailleurs, les attentes des clients évoluent de plus en plus vite. »
Il s’agit d’une fin en mode mineur pour le dirigeant français. Le chiffre d’affaires du groupe en Chine a baissé de 1% à 13,5 milliards d’euros et le bénéfice net a chuté de 6,7% à 398 millions d’euros au cours du dernier exercice. Il paraît que c’est principalement le nouvel actionnaire Alibaba qui a exigé « une transformation numérique rapide et une amélioration de l’infrastructure commerciale ».