« Divulgation, reporting et assurances externes sont des aspects primordiaux et indispensables à l’ESG Mais nous ne devons pas oublier pourquoi ils sont importants. Le reporting n’est pas une fin en soi, mais un moyen de stimuler l’action et le changement positif », estime Fleur Poets, Global ESG Director chez AB InBev.
85% d’émissions externes
Entre ses premières ambitions en matière de durabilité et sa politique ESG actuelle, AB InBev, comme tant de grandes entreprises, a parcouru énormément de chemin. « Au début, nous étions surtout focalisés sur notre fonctionnement interne et l’optimisation de nos processus. Mais nous avons peu à peu élargi notre champ de vision pour inclure l’agriculture, l’emballage, etc. Nous avons ainsi fixé nos premiers objectifs en 2017 », explique Fleur Poets, Global ESG Director.
Et il est indispensable d’élargir ce regard, car 85% des émissions mondiales liées la bière se situent dans le scope 3. On entend par émissions du scope 3 toutes les émissions indirectes qui interviennent dans la chaîne de valeur, en amont et en aval. Elles comprennent notamment les émissions liées au transport, à la distribution et, surtout, aux déchets. Pour AB InBev, il était donc également important de s’intéresser aux émissions des clients, du retailer au consommateur en passant par le café.
De la graine à la gorgée
« Nous disons souvent que la durabilité va de la “graine à la gorgée”, et même au-delà. Il faut examiner l’ensemble de la chaîne de valeur, et c’est un exercice complexe. Par exemple, il est nécessaire de commencer à repenser ses relations avec les retailers », insiste Fleur Poets. « Auparavant, le développement durable était principalement intra-muros, mais les grandes victoires se remportent à l’extérieur », convient Maarten Dubois, Sustainability Director chez Deloitte. À l’occasion de la RetailDetail Night, AB InBev expliquera comment le plus grand groupe brassicole au monde définit ses objectifs en matière de durabilité et en assure le suivi avec Deloitte.
Ce qui impose naturellement de recueillir – et de partager – autant de données que possible. AB InBev dispose ainsi de la plateforme Eclipse, qui permet aux fournisseurs de connaître leurs émissions à un niveau très local. Comme d’autres acteurs du secteur – de Coca-Cola à Colgate-Palmolive –, le brasseur fait également appel au programme 100+ Accelerator. « Il existe des problèmes que nous ne pouvons pas résoudre nous-mêmes. C’est pourquoi nous définissons des défis avec nos partenaires et invitons les entreprises et start-up à proposer leurs solutions. Les gagnants recevront des capitaux et pourront piloter leur produit », précise Fleur Poets.
« Plus il y a de données, mieux c’est »
Trop lourd à gérer pour les petites entreprises ? « Plus nous disposons de longues séries de données, plus nous pourrons nous améliorer », rappelle Fleur Poets. « Sans oublier que de nouvelles obligations de publications nous attendent. L’UE s’apprête à mettre en place un cadre législatif non négligeable – qui se traduira sans doute par une accélération des actions en matière de durabilité chez de nombreux acteurs. »
Selon le Director ESG, les entreprises ont intérêt à commencer par une étude de matérialité : où se situe l’impact matériel le plus important ? Ceux qui intègrent ces informations dans un tableau de bord pourront ensuite commencer à définir des objectifs, ajoute Maarten Dubois (Deloitte). Maarten Dubois et Fleur Poets se rejoignent sur l’utilité de « métriques » concrètes et d’objectifs précis. « AB InBev est une entreprise portée par l’action et les objectifs, et le développement durable fait partie intégrante de nos processus d’affaires. Chaque année, nous nous fixons des objectifs clairs et détaillés, y compris à court terme, qui sont ensuite pris en compte dans chaque moment de décision. »
En particulier depuis l’entrée en fonction du CEO Michel Doukeris, l’agenda ESG est porté par de très nombreuses personnes et fonctions au sein de l’entreprise. « Nous avons sorti l’ESG de son silo. Au total, huit fonctions différentes portent les objectifs ESG. De plus, les investissements dans la durabilité sont si étroitement liés à nos objectifs financiers qu’ils ne peuvent plus être considérés séparément. Car dans la plupart des cas, un investissement dans la durabilité est aussi un investissement économique », conclut Fleur Poets. « Les énergies renouvelables, par exemple, relèvent aujourd’hui de l’évidence. On investit en fonction du marché et ce marché demande de la durabilité. Finalement, tout cela est très logique… »
Lors de la RetailDetail Night, AB InBev partagera ses expériences ESG avec Deloitte au cours de l’avant-programme Sustainability in Retail. Sont également à l’affiche : Xandres, Dressr, Robust ! et bien d’autres. Vous venez déjà à la RetailDetail Night, qui se déroulera à guichets fermés ? Inscrivez-vous à cet avant-programme.