Les achats frontaliers ont augmenté de près de moitié au premier trimestre. 37 % des Belges font déjà régulièrement des achats à l’étranger, surtout en France.
Pas ce qu’on croit ?
Les Belges ont acheté pour 688 millions d’euros à l’étranger au premier trimestre 2023. C’est 43 % de plus qu’un an plus tôt. Une enquête réalisée par GfK pour la fédération du commerce Comeos montre que 37 % des Belges effectuent régulièrement des achats physiques à l’étranger. En raison notamment de l’inflation élevée, de plus en plus de consommateurs franchissent les frontières.
Il faut toutefois faire une remarque importante à propos de la croissance frappante en une seule année : au premier trimestre 2022, le Covid était encore bien présente et la variété omicron faisait encore rage. Ce n’est qu’en mars qu’il ne fallait plus porter de masques buccaux dans les magasins. Voilà qui a certainement empêché une partie des consommateurs de se déplacer pour faire leurs achats.
Protéger le pouvoir d’achat
Il n’en reste pas moins frappant de constater que c’est surtout la France qui gagne en popularité. Sur les 688 millions d’euros d’achats frontaliers, 423 millions d’euros ont été dépensés dans les supermarchés français, soit près de 70 % de plus qu’un an auparavant. La proximité est un facteur déterminant : la moitié des Belges vivent à moins d’une heure de la frontière, mais près d’un Wallon sur trois vit même à moins de 20 kilomètres de la frontière française. C’est ce qu’explique Dominique Michel, PDG de Comeos, à De Standaard.
Cependant, les gens le font pour les différences de prix. Le gouvernement français prend de nombreuses mesures anti-inflation pour protéger le pouvoir d’achat de la population. Ainsi, l’accord conclu avec les chaînes de supermarchés pour vendre un panier de produits de base au « dernier prix possible » a été prolongé jusqu’à la fin de l’année. Un accord vient également d’être conclu avec les 75 plus grands producteurs de denrées alimentaires pour baisser les prix des pâtes, de la volaille, des céréales et de l’huile, entre autres. Le ministre belge Dermagne demande maintenant les mêmes efforts aux producteurs, mais se heurte à des résistances.
Discussion sur la TVA
Comeos craint particulièrement que les achats transfrontaliers n’augmentent encore si le gouvernement va de l’avant avec ses projets de révision de la TVA. Selon le plan fiscal du ministre Van Peteghem, les produits de base tels que les légumes, les œufs et le lait seraient totalement exonérés de TVA, mais le taux pour les autres produits alimentaires passerait de 6 % à 9 %.
En France, le taux de TVA sur les produits alimentaires dans les supermarchés est de 5,5 %, mais les confiseries, par exemple, sont taxées à 10 % et l’alcool à 20 %. La fédération professionnelle profite également de l’occasion pour dénoncer une éventuelle augmentation de la taxe sur les emballages et de la taxe sur les déchets sauvages. « Les achats aux frontières vont exploser », affirme-t-elle.