L’exportation de produits alimentaires belges est en plein essor, mais des mesures protectionnistes larvées constituent une menace. De plus les achats transfrontières et la pression sur les prix pèsent sur le CA national, affirme la Fevia.
Protectionnisme en Europe
Grâce à l’exportation croissante, l’industrie alimentaire belge a réalisé une excellente année 2016, révèle le rapport économique annuel de la Fevia, la fédération de l’industrie alimentaire belge. Le chiffre d’affaires a progressé de 2,9%, les investissement ont atteint un niveau record, l’emploi a augmenté de 0,7% et l’exportation a grimpé de 4,3%.
L’exportation vers des pays lointains, en particulier, gagne en importance : l’exportation vers les Etats-Unis a bondi de 14%, la Chine a rattrapé le Japon et une récente mission en Corée du Sud s’est avérée très fructueuse. Mais les défis sont de taille, prévient le directeur général Chris Moris. De nouvelles barrières commerciales et le ‘gastro-nationalisme’ constituent d’importantes menaces pour la croissance de l’industrie alimentaire.
Le Brexit et la baisse de la livre sterling ont déjà fait régresser de 1,7% (en valeur) l’exportation vers le Royaume-Uni : « Il s’agit de notre quatrième marché d’exportation, qui représente 2,2 milliards », précise la fédération. Par ailleurs l’étiquetage d’origine obligatoire en France a fait baisser l’exportation de produits laitiers de 17,1% (en volumes) au 2ème trimestre de 2016 et des pays comme l’Italie et le Portugal semblent suivre l’exemple français. « L’UE doit intervenir », estime Moris. Parallèlement le boycott russe persiste et le président américain Trump se montre pour le moins critique en matière de libre-échange.
Pression accrue sur les prix
L’industrie alimenaire belge rencontre également certains problèmes sur son marché domestique : pour la première fois depuis l’année de crise 2009 le chiffre d’affaires en Belgique a reculé de 1,7%. Cette baisse est due en partie à l’augmentation des achats transfrontières. Notre industrie alimentaire souffre d’un handicap au niveau des prix, suite aux coûts salariaux, taxes et impôts. Le consommateur en tire ses conclusions.
Les achats en France, en particulier, ont fortement augmenté : +295% depuis 2008. En contrepartie les achats transfrontaliers aux Pays-Bas ont légèrement reculé après 2012. L’importance accrue du e-commerce y est peut-être pour quelque chose, tout comme l’arrivée d’Albert Heijn.
La deuxième cause de cette baisse du chiffre d’affaires est la concurrence croissante au niveau des prix sur le marché belge suite à la consolidation. Souvent les retailers se targuent de vendre beaucoup de produits belges, mais dans la pratique les nombreuses PME du secteur ont du mal à négocier avec les grandes chaînes, qui exigent des prix toujours plus bas.