Changement de siège principal
Régis Schultz, homme d’affaires expérimenté ayant travaillé pour Kingfisher et But, était censé entrer en fonction le 1er mai en tant que nouveau directeur opérationnel de Darty Plc, propriétaire britannique coté en bourse des chaînes d’électroménager Darty (France), Vanden Borre (Belgique) et BCC (Pays-Bas), mais apparemment il a décidé de hâter les choses.
Dès le départ Schultz a marqué une rupture significative avec le passé : il ne s’est pas installé dans les bureaux de ses prédécesseurs au cœur de Paris, mais à Bondy (Seine-Saint-Denis), au siège principal de Darty France. Un symbole qui peut compter, car la filiale française est actuellement l’enfant à problèmes du groupe (voir graphique).
Carrefour candidat-repreneur ?
Ce fut une première journée agitée pour le nouveau patron Schultz, suite à la rumeur selon laquelle Darty pourrait être mis en vente. Selon le journal français Le Figaro, le fonds d’investissement Knight Vinke, actionnaire principal (25%) de groupe britannique, aurait mandaté la banque Goldman Sachs, afin de rechercher un acheteur pour ses actions.
Le journal affirme que Plassat, PDG de Carrefour aurait sérieusement envisagé une reprise. La synergie avec Darty aurait permis à Carrefour de relancer le département d’électroménager de ses hypermarchés et de profiter de l’expertise du groupe Darty sur le marché en ligne en croissance permanente. Mais tant le prix (le groupe Darty est valorisé 300 millions à d’euros à la bourse), que le timing (une reprise de cette ampleur aurait été difficilement acceptable pour les actionnaires de Carrefour en pleine phase restructuration) ont finalement décidé Plassat à adopter une attitude attentiste.
Moins-value de 82 millions
Hier le nouveau PDG de Darty a tenté faire taire le rumeur : « Darty est à vendre tous les jours, car l’entreprise est cotée et n’est pas contrôlée. » Plus tard dans la journée Eric Knight, patron de Knight Vinke, apportait un démenti formel : « Knight Vinke peut confirmer qu’il n’a pas mandaté Goldman Sachs, ni personne d’autre, à propos de son investissement dans Darty. »
Selon les journal français Les Echos, Eric Knight et Régis Schultz se serait rencontrés à Zurich il y a deux semaines pour accorder leurs violons. Knight y aurait insisté sur des réductions de coûts importantes (le choix de Schultz de s’installer dans les bureaux de Darty France, au lieu du siège principal à Paris doit probablement être interprété dans cette optique).
Quoi qu’il en soit, la mission de Schultz semble ardue afin de satisfaire son actionnaire principale. Lorsqu’en 2010 Knight Vinke est entré au capital du groupe britannique d’électroménager, l’action Darty, ex-Kesa Electricals, valait encore plus de 100 pence, aujourd’hui elle vaut à peine la moitié.
Knight Vinke est donc pénalisé par une moins-value d’environ 82 millions d’euros sur son investissement et ce malgré les restructurations radicales effectuées par le groupe sous pression de l’actionnaire principal. Pensez à la vente de la chaîne britannique Comet pour deux livres sterling symboliques, la cession des activités en Turquie, en Italie et en Espagne et les récents changements au sein du management.
Traduction : Marie-Noëlle Masure