Déjà fiancés depuis près d’un an
Il y a un an on apprenait que le britannique Kingfisher avait jeté son dévolu sur le français Mr. Bricolage. Les Britanniques envisageaient de racheter les parts des deux principaux actionnaires, l’ANPF (41,9% du capital) et la famille Tabur (26,3%), au prix de 15 euros par action.
Mais l’Autorité de la concurrence française a très vite émis de sérieuses réserves concernant ce projet, car en France Kingfisher est déjà propriétaire de Castorama et de Brico Dépôt. Le gendarme français de la concurrence craignait donc que le groupe, suite à cette reprise, n’occupe une position trop dominante sur le marché. Pour obtenir le feu vert, la nouvelle entité devrait se séparer de 15 à 60 magasins.
« Trop de concessions à l’autorité de la concurrence »
Or cette opération ne se déroule pas comme le voudrait le conseil d’administration de Mr. Bricolage : celui-ci s’est réuni le 20 mars dernier et considère que « les engagements pris par Kingfisher dans le cadre du processus de rachat nuisent gravement aux intérêts » de Mr. Bricolage et de ses actionnaires français.
Non seulement la chaîne devrait céder un nombre élevé de magasins sous enseigne Mr. Bricolage et Les Briconautes, mais elle devrait également résilier une série d’accords avec des affiliés indépendants (opérant sous leur propre nom), « et ce au-delà de ce qui avait été anticipé par les parties », indique le groupe français dans un communiqué.
‘Madame Bricolage’ se rendra-t-elle au tribunal ?
Suite à cette ‘déclaration de guerre’ de la France, Kingfisher a annoncé officiellement ne pas être d’accord avec la décision du conseil d’administration de Mr. Bricolage. Tout ceci pourrait donc remettre en cause la reprise. Selon le site britannique RetailWeek, Kingfisher envisagerait même une procédure juridique. Entretemps la cotation de l’action de Mr. Bricolage a été suspendue à la bourse de Paris.
La Française Véronique Laury, surnommée Mme Bricolage dans les médias français, a repris les commandes de Kingfisher fin janvier et se trouve donc d’emblée devant une mission difficile. Laury est active dans le secteur depuis 26 ans déjà et dirigeait Castorama lorsqu’elle a été appelée à Londres par la maison-mère, afin d’y remplacer le CEO Ian Cheshire, l’architecte des projets de reprise français. Après sept années à la tête de Kingfisher, Cheshire estimait le temps venu de passer le flambeau.