Le papier hygiénique risque de devenir rare et cher en raison des prix inédits de l’énergie. Le fabricant allemand de papier toilette Hakle a même déposé le bilan au début du mois.
Le papier dévore l’énergie
Hakle, l’une des marques de papier toilette les plus connues d’Allemagne, a déposé son bilan. La hausse des coûts de l’énergie, le prix élevé de la pâte à papier et les coûts de transport ont épuisé l’entreprise. Le temps que Hakle négocie des prix plus élevés avec ses clients détaillants, les prix avaient déjà grimpé, déclare le directeur général Volker Jung au Financial Times. « Nous perdions trop d’argent. »
Le papier toilette utilise beaucoup d’énergie : pour un rouleau de deux mètres de large – à partir duquel sont fabriqués les petits rouleaux destinés aux consommateurs – le leader du marché européen Essity (incluant Lotus et Okay) utilise 700 kilowattheures de gaz naturel. C’est suffisant pour chauffer une maison familiale pendant plusieurs semaines en hiver, compare le FT.
Normalement, le coût de l’énergie représente 10 à 15 % du prix d’un rouleau de papier toilette, aujourd’hui il atteint 50 %, confirment les producteurs belges à De Tijd. Dans le même temps, le prix de la pâte à papier, qui représente normalement la moitié du coût, a augmenté d’environ 50 %.
Risque de pénurie locale
Les augmentations de prix en sont le résultat inévitable. Essity a déjà appliqué des hausses de prix de 18 %, y compris pour les couches et les serviettes hygiéniques. Cependant, les consommateurs réagissent en se tournant vers les marques privées et en abandonnant tout simplement certains produits en papier : le papier de cuisine se vend aujourd’hui 30 % de moins, selon De Tijd. Comme il y a manifestement peu d’alternatives pour le papier toilette, les augmentations de prix y sont certes mieux acceptées.
La production diminue néanmoins par nécessité en raison des prix élevés de l’énergie. Cela pourrait même conduire à des pénuries, prévient l’industrie, bien que localement. « Le papier toilette est un produit très local. On le transporte rarement à plus de 300 ou 400 kilomètres de l’usine, car il s’agit surtout de déplacements d’air. Mais si tout le monde arrête ses machines, je n’exclus pas la possibilité d’une pénurie dans certaines régions à certaines périodes, » confie-t-on à De Tijd.
Papier toilette à partir de café
Heureusement, les producteurs trouvent des solutions créatives. Hakle, malgré son dépôt de bilan, lance une solution innovante : pour remplacer la pâte à bois, le producteur allemand prévoit d’utiliser 20 à 25 % de marc de café provenant de la restauration. Essity, pour sa part, a obtenu des permis pour adapter ses usines aux énergies alternatives et pour devenir moins dépendante du gaz naturel. Il y aura de nouveaux pipelines pour le GNL et l’hydrogène afin d’alimenter la machine à papier et la centrale électrique.
Il est cependant possible que les producteurs de papier doivent faire des choix cet hiver, par exemple en fabriquant moins d’emballages, avoue Gregor Geiger, porte-parole de la fédération allemande de l’industrie. « Produire des emballages pour des biscuits au chocolat n’est peut-être pas nécessaire, mais le papier toilette l’est. »