Qu’apporte concrètement la protestation des agriculteurs de ces dernières semaines ? Les supermarchés paieront des prix plus élevés pour la viande bovine. Les promotions de dumping sur les produits frais pourraient être interdites. L’introduction d’un label ‘fair price’ est également envisagée.
« Un montant substantiel »
Après les protestations des agriculteurs au cours des dernières semaines, les détaillants et les responsables politiques se mobilisent. Vendredi après-midi, Colruyt et Delhaize ont annoncé qu’ils paieraient des prix plus élevés aux abattoirs pour la viande bovine à partir du lundi 12 février, car ce secteur est actuellement le plus touché. Entre-temps, Aldi, Lidl, Carrefour et Intermarché ont également accepté de payer des prix plus élevés, rapporte Landbouwleven. Les détaillants ne précisent pas à combien s’élève l’augmentation des prix. Il s’agirait d’un « montant substantiel » qui ne sera pas répercuté sur les consommateurs.
La Fédération wallonne de l’agriculture (FWA) salue l’initiative, mais souligne également à La Libre qu’une augmentation des prix d’au moins 25 % est nécessaire pour absorber les coûts de production plus élevés. Des militants de la Fédération wallonne des jeunes agriculteurs (FJA) ont bloqué samedi deux supermarchés Colruyt, à Hannut et à Waremme, parce qu’ils estiment que l’augmentation de prix promise est beaucoup trop faible : elle serait de 50 centimes par kilo de carcasse.
Trois groupes de travail
Vendredi, la task force agroalimentaire s’est également réunie à l’initiative du ministre fédéral de l’Agriculture David Clarinval, du ministre de l’Economie Pierre-Yves Dermagne et du ministre wallon de l’Agriculture Willy Borsus. Il a été convenu de travailler au sein de trois groupes de travail afin de garantir des marges saines pour tous les maillons de la chaîne alimentaire.
Un premier groupe de travail élargira la loi sur les pratiques commerciales déloyales afin de mieux protéger les agriculteurs. Les promotions de prix excessives pourraient être interdites, une idée soutenue par l’organisation de travailleurs indépendants Unizo.
Un deuxième groupe de travail se penchera sur l’étiquetage et la promotion des produits belges, y compris une campagne de sensibilisation pour les produits locaux et un label ‘fait price’ pour garantir un prix équitable à tous les maillons de la chaîne – une idée de la ministre Clarinval et de la secrétaire d’État à la protection des consommateurs Alexia Bertrand.
Un dernier groupe de travail examinera la répartition des marges sur la base d’études de l’Observatoire des prix, de l’Institut des comptes nationaux et de la Banque nationale.