Les activités internationales de Lidl enregistrent une forte croissance des ventes, mais les marges sont sous pression car le discounter ne répercute pas toutes les hausses de prix sur les consommateurs. Les investissements restent également élevés.
Forte croissance des ventes
Lidl a récemment publié les résultats financiers de ses activités internationales, hébergées dans la société Lidl Stiftung & Co KG, pour l’exercice brisé 2022-2023, qui s’est achevé en février 2023. Cette unité d’affaires représente un bon 70 % des ventes totales de la chaîne de magasins à rabais. Les analystes de Barclays se sont penchés sur les chiffres.
Premier constat : les ventes ont augmenté au-delà des attentes. Lidl avait prévu une « croissance modérée des ventes » l’année dernière, mais une hausse de 22,6 % à 81,8 milliards d’euros peut difficilement être qualifiée de modérée. La plus forte croissance depuis 2012 est due à l’inflation alimentaire, aux gains de parts de marché et à l’ouverture de nouveaux magasins.
Investissement dans les prix
Cependant, il y a un revers à la médaille : la rentabilité est tombée à son plus bas niveau depuis 2012. L’EBIT de Lidl International a chuté de 6,6 % à 2,6 milliards d’euros, ce qui implique une contraction de la marge de 250 points de base à 2,3 %. Ceci est en partie dû aux investissements dans les prix : le détaillant ne répercute pas toutes les augmentations de coûts pour rester compétitif. En outre, les ventes de produits non alimentaires ont chuté et l’endettement a augmenté en raison d’investissements élevés et de la hausse des taux d’intérêt. Le bénéfice net a en fait chuté de 23 %.
L’exercice a été marqué par une hausse de 14 % des investissements à 5,2 milliards d’euros, dont 3,6 milliards d’euros dans l’immobilier. Il s’agit du niveau le plus élevé depuis 2016. En mars 2022, la chaîne a ouvert ses huit premiers magasins en Estonie, mais dans plusieurs autres pays, Lidl a ralenti son expansion afin d’investir davantage de ressources dans les baisses de prix. Ce fut le cas en France, en Espagne et aux États-Unis, par exemple, où le détaillant compte toujours moins de 200 magasins six ans après son lancement, bien en deçà de ses ambitions initiales.
Une productivité élevée
Lidl maîtrise ses frais de personnel : ils ne représentent que 8,4 % des ventes, ce qui est élevé par rapport à d’autres détaillants et constitue également le niveau le plus bas depuis 2012. De plus, la productivité est en hausse : le chiffre d’affaires par ETP a augmenté de 12,6 % pour atteindre 446 000 euros par an. En revanche, le détaillant est confronté au coût des stocks non alimentaires élevés en raison de la faiblesse des ventes, qui peut être due à un consommateur qui réduit ses dépenses en période d’inflation et de baisse du pouvoir d’achat.
Dans ses perspectives, le groupe reste très prudent : croissance modérée et bénéfice net stable, avec une réserve due aux grandes incertitudes en matière d’inflation, de disponibilité des biens, de taux d’intérêt et de comportement des consommateurs. Sur le plan de l’expansion, Lidl se prépare à entrer dans les pays des Balkans, à savoir la Bosnie-Herzégovine, le Monténégro, la Macédoine du Nord et le Kosovo. Le détaillant poursuit également le déploiement de sa boutique en ligne de produits non alimentaires (lancée en France l’année dernière). Le groupe espère tirer des revenus supplémentaires de sa division de retailmédia Schwarz Media, qui a été créée en 2022.