Les points d’orgue de la semaine dernière : un scénario héroïque digne d’un film, un optimisme excessif et un plagiat pur et simple. Filet Pur décortique inlassablement toutes les success stories, même si cela nuit à l’ambiance festive.
Robin des Bois
Nous nous étions presque assoupis, tant le monde des supermarchés et des biens de grande consommation était ennuyeux. Soulagement : c’était le calme avant la tempête. Heureusement, la distribution alimentaire est récemment redevenue le film d’action déjanté que nous aimons tant. Vous nous connaissez, rien ne nous rend plus heureux que de rapporter ce qui se passe dans les tranchées. Donnez-nous des menaces, des boycotts, des rayons vides et d’autres déclarations de guerre. Et tout cela dans la féérie de Noël.
L’une après l’autre, les grandes marques disparaissent des rayons de notre fier leader du marché : après Stella et Jupiler, c’est maintenant au tour de Zwan, Knorr, Bounty, Snickers et Whiskas. Et nous en oublions certainement quelques-unes. « Personne n’en bénéficie », a déclaré Colruyt à la presse. Très classe, le sang-froid avec lequel ces génies de porte-parole de Halle démontrent que l’ironie est loin d’être morte. Chapeau ! L’histoire du combat inégal du Robin des Bois local contre les grandes marques multinationales avides est en effet parfaite pour les relations publiques. Il n’y en a qu’un seul qui continue à se battre héroïquement pour préserver les meilleurs prix. À moins que…
Space X
De quoi en faire une production cinématographique hollywoodienne, car quoi de plus parlant qu’un scénario « de zéro en héros » ? Après plusieurs années désastreuses, le discounter a enfin pu présenter des chiffres solides : la part de marché, le chiffre d’affaires, les marges et les bénéfices se sont envolés dans la stratosphère telle une fusée SpaceX, sans exploser. Le cours de l’action a suivi. Des applaudissements de toutes parts, des louanges dans tous les journaux et une bouteille de Marquis de Villon débouchée sur le site de Wilgenveld (encore en promo jusqu’à la fin de l’année, profitez-en). Mais y a-t-il un Oscar à la clé ?
Un tel enthousiasme unanime chiffonne toujours un peu votre serviteur. Il y a quelque chose qui cloche. Oui, désolé, mais peut-on encore être un peu critique ? Le leader du marché lui-même souligne que la pression sur les prix et les promotions est à nouveau en hausse, au cas où vous ne l’auriez pas encore remarqué. Cette belle marge s’envole. C’est bien beau d’expulser des fabricants des rayons, mais par rapport à ses grands concurrents, Colruyt fait partie des plus faibles des alliances européennes de la distribution en matière de pouvoir d’achat. En conclusion, faire la course en tête est facile quand votre poursuivant est paralysé par des grèves et une restructuration douloureuse qui ne peut pas officiellement s’appeler ainsi. Mais la fête est finie.
Mauvaise volonté
Colruyt reste cependant un pionnier : le micro-magasin autonome soi-disant révolutionnaire que son concurrent Carrefour a fièrement lancé cette semaine n’est rien de plus qu’un ensemble de distributeurs automatiques accessibles à l’aide d’une application (distincte) d’où sortir son lunch en payant automatiquement. Une copie conforme d’Okay Direct, donc, peut-on dire avec une pointe de mauvaise volonté. Mieux vaut bien copier que mal inventer ? Attention, avec IA intégrée… Forcément génial, donc. Au fait, combien d’applications y a-t-il actuellement chez Carrefour ? J’en ai quatre sur mon smartphone. En ai-je oublié ?
Mais revenons au cœur du sujet : si quelqu’un est bien placé pour tenter de prendre la tête du marché dans les années à venir, c’est bien Ahold Delhaize, n’est-ce pas ? 70 % de ces magasins boiteux ont trouvé preneurs, a déclaré Delhaize sur un ton triomphant. Plus que 39 à suivre! Ce processus devrait être achevé avant Pâques. La remontée pourra alors vraiment commencer. Avec des une-deux habiles, les lions et les hamsters peuvent indéniablement faire mal à n’importe quel acteur du secteur. Et avec ces ouvertures le dimanche, qui sont une épine dans le pied de Colruyt.
Réservoir limité
Dommage que RetailDetail soit venu quelque peu gâcher la fête en insinuant qu’un nombre impressionnant d’entrepreneurs se préparent déjà à une deuxième acquisition. En effet, en examinant ces 17 noms prétendument nouveaux, nous avons constaté qu’il s’agissait essentiellement de noms familiers. Delhaize puise dans un réservoir limité, semble-t-il. Mais alors, qu’en est-il de ces 200 candidats enthousiastes ? Y a-t-il eu des abandons à cause de ces prétendus contrats abusifs ?
Car, en réalité, cette « multifranchisation » n’était au départ pas vraiment prévue. « Stop : un magasin par candidat acquéreur », a-t-on dit à un affilié enthousiaste de Delhaize, pas plus tard qu’au printemps dernier, lorsqu’il s’est proposé pour reprendre deux succursales de la chaîne. Aujourd’hui, cette règle empirique ne s’applique apparemment plus. Ce n’est pas forcément un obstacle, il y a plus d’entrepreneurs qui gèrent avec succès plusieurs supermarchés, mais c’est révélateur : ils n’ont pas l’embarras du choix à Kobbegem.
En éclats
Pour Pieter Pot, le supermarché en ligne sans emballage plein de bonnes intentions, ce ne sont pas les problèmes qui manquent. Pour réduire les déchets, ils sont très forts. Mais un peu moins en calcul : ils croulent sous une montagne de dettes à cause d’un modèle d’entreprise boiteux. Le crowdfunding n’a pas permis de récolter suffisamment de fonds et un créancier a perdu patience. L’affaire passe devant le tribunal : le bocal vole en éclats. C’est la fin pour Pieter Pot. À moins qu’un riche investisseur ne se présente pour une relance.
Profond soupir de soulagement ce matin à Lommel : le magasin Jumbo qui était dans les starting-blocks depuis deux mois, a finalement pu ouvrir. Il n’y avait pas d’huissier pour l’empêcher. C’est la conséquence, avec des concurrents qui n’aiment rien de mieux que de se mettre des bâtons dans les roues les uns des autres : essayez d’obtenir un permis. Voyez aussi Albert Heijn : le groupe n’a ouvert qu’un seul magasin en Flandre jusqu’à présent, en une année entière. Oui, un seul. À Oostakker. Le deuxième suivra demain : au cœur d’Anvers, à côté de la magnifique gare centrale. Ce sera le 76e. D’après nos informations, plus d’ouvertures sont prévues l’année prochaine. Moins, ce sera difficile…
Bon, je pense que je vais aller installer le sapin de Noël. Il faut bien que quelqu’un s’y colle. Le vôtre est déjà prêt ? Rendez-vous la semaine prochaine pour le dernier Filet Pur de l’année !