Le deux novembre prochain sonnera l’heure de vérité pour Eckhard Cordes, directeur général de la multinationale allemande Metro Group AG (Media Markt, Saturn, Metro, Makro, Galeria Inno, … etc.) C’est alors que le Conseil de Surveillance décidera de la prolongation du contrat de l’impopulaire Cordes. Dans ce que l’on peut appeler un véritable soap télévisé, Cordes se sait soutenu par deux grands actionnaires, mais il doit faire face également à un ennemi redoutable en la personne de Kellerhals, actionnaire minoritaire.
Bien qu’en principe le contrat d’Eckhard Cordes chez Metro Group ne se termine qu’en octobre 2012, la question de son départ ou non est déjà à l’ordre du jour. Mike Dawson du journal Lebensmittel Zeitung annonce déjà qu’il s’agira d’une décision controversée, « car durant ses années à la direction du groupe Metro, Cordes a surtout généré une publicité négative ».
Réglementation désuète
Le plus grand problème du n°1 du groupe Metro est sa querelle acharnée avec l’un des plus grands et plus anciens actionnaires de l’empire du retail : Erich Kellerhals, fondateur de Media Markt. Le groupe Metro est une entreprise de fusion constituée de différentes entreprises, dont la chaîne d’électronique Media Markt. De ce fait Erich Kellerhals, 72 ans, est depuis 20 ans actionnaire minoritaire au sein du groupe Metro, avec droit de véto.
La règle selon laquelle toute décision de Cordes doit avoir l’approbation d’au moins 80 % des actionnaires, est pour celui-ci une source d’irritation et de frustration constante face à cette réglementation désuète de groupe Metro.
Cordes a encore d’importants dossiers à traiter, notamment la vente de deux entreprises insuffisamment performantes au sein du groupe, à savoir Kaufhof (grands magasins) et Real (hypermarchés). Pour ces deux dossiers la réglementation désuète de Metro lui empoisonne la vie. D’autre part l’introduction en bourse de Media-Saturn (chaîne d’électronique) est également au programme, ce qui ira d’autant mieux sans le regard indiscret de certains, selon Cordes. C’est pourquoi il souhaite mettre hors combat certains actionnaires tels, Kellerhals.
En mars dernier, Eckhard Cordes lors d’un conseil d’entreprise avait déjà obtenu une sérieuse restriction des droits des actionnaires minoritaires (représentant 21% des actions).
‘L’œuvre de tout une vie menacée’
Mais c’est sans compter sur la combativité et l’esprit critique de Kellerhals. Lors d’une conférence de presse, la mésentente entre les deux hommes a assombri sérieusement l’annonce par Cordes aux actionnaires des chiffres annuels de 2010, par ailleurs très positifs. Kellerhals y exigea même le départ immédiat de Cordes. Le septuagénaire gesticulant et en termes violents a affirmé que dans sa lutte contre Cordes il se battait pour défendre l’œuvre de sa vie. ‘Je ne permettrai pas que Mr. Cordes détruise ce qui nous a rendus puissants et influents’ a-t-il déclaré avec force.
La médiatisation de cette discorde a rendu Cordes très impopulaire. Il incarne l’autorité qui tente de réduire au silence un Kellerhals critique, entrepreneur dans l’âme.
Mettre fin au doute
Autre facteur en défaveur du directeur général de Metro est qu’il n’ait encore obtenu aucun résultat concernant les dossiers mentionnés précédemment.
Jusqu’à présent Kaufhof n’a toujours pas trouvé d’acquéreur définitif, le désaccord chez Media-Saturn n’a toujours pas été solutionné et selon la rumeur Cordes renoncerait à la vente de la chaîne de supermarchés Real. D’autre part depuis que Cordes dirige le groupe Metro (depuis l’automne 2007) le cours des actions a baissé d’environ la moitié, ce qui n’est pas pour faire plaisir aux actionnaires.
Toutefois deux familles, formant une majorité au sein de groupe Metro (Haniel et Schmidt-Ruthenbeck), ont manifesté leur soutien à Cordes. ‘Ce soutien est accordé à Cordes, parce que les actionnaires veulent mettre fin au doute public continuel envers Cordes et sa position», affirme Dawson.
Car que va-t-il se passer si Kellerhals obtient ce qu’il veut et si effectivement Eckhard Cordes doit faire ses valises le 2 novembre ? Il n’y aura pas de successeur dans l’immédiat. ‘Afin de ne pas être menacé, ils chercheront sans doute un successeur externe, comme par exemple le CEO de la Deutsche Bank », estime Mike Dawson
Une effusion de sang
Toutefois le doute subsistera, tant que ne cessera pas la brouille avec Kellerhals. Tous, y compris les familles qui soutiennent le CEO, et d’autant plus son redoutable adversaire, surveilleront Cordes de près si son contrat était prolongé.
« Le conflit avec Kellerhals n’es pas terminé et je ne pense pas que le Conseil de Surveillance du 2 novembre y apportera une solution », déclare Dawson. « Kellerhals n’en restera pas là, il veut se venger. Il est vieux et riche et ne se satisfera pas d’un arrangement juridique. Non, cela ne se terminera pas sans effusion de sang. »