HelloFresh ne peut plus se présenter comme la première boîte repas climatiquement neutre au monde. C’est ce qui ressort d’une décision judiciaire marquante, qui pourrait avoir des conséquences considérables pour des entreprises qui « compensent » leurs émissions.
Sans preuve
De nombreuses entreprises qui se disent neutres en carbone ou qui aspirent à l’être réduisent leur empreinte en compensant artificiellement leurs émissions de carbone. Elles le font en achetant des « crédits d’émission », par exemple en donnant de l’argent à des projets forestiers en Afrique. Le CO2 capturé par les arbres est déduit pour atteindre le niveau « zéro ».
Contre cette pratique courante, l’organisation environnementale Deutsche Umwelthilfe (DUH) a intenté plusieurs actions en justice, notamment contre des entreprises telles que Netto, Danone et HelloFresh. L’organisation a qualifié cette pratique de trompeuse, un argument que le tribunal de Berlin a maintenant suivi dans le cas de HelloFresh.
HelloFresh n’est plus autorisée à affirmer qu’elle compense 100 % de ses propres émissions directes, car l’entreprise n’a pas pu prouver de manière suffisante que les « crédits carbone » achetés ont le succès escompté. Selon le tribunal, les entreprises devraient vérifier plus attentivement si les certificats qu’elles achètent tiennent réellement leurs promesses. Jusqu’à présent, le fournisseur de boîtes repas achetait des crédits d’émission auprès du projet kenyan de protection de la forêt Kasigau Corridor, qui dispose pourtant d’un certificat Verified Carbon Standard.
Des projets douteux
« De plus en plus de tribunaux le confirment : la compensation des émissions de carbone ne permet pas de qualifier des produits, des services ou même des entreprises entières de neutres en carbone. C’est d’autant plus vrai si les crédits carbone proviennent de projets douteux et ont été acquis par le biais d’un marché du carbone totalement non réglementé et sans normes uniformes, » dit Jürgen Resch du DUH au magazine de marketing W&V.
HelloFresh risque des amendes de 250 000 euros, voire six mois de prison, si elle continue de prétendre à la neutralité climatique. Il en va de même pour l’affirmation selon laquelle l’entreprise compense ses émissions directes de CO à 100 %. Heureusement, HelloFresh avait déjà décidé de ne plus communiquer d’affirmations liées au climat. L’entreprise envisage également de supprimer progressivement ses compensations d’émissions à long terme. Les budgets pourraient alors être consacrés à des projets alternatifs de conservation et de protection de l’environnement.