« Inacceptable », « inadmissible » et « irresponsable ». Dans le dossier Delhaize, la polarisation semble prendre le dessus, jusqu’à la dégradation de maisons privées.
« Inacceptable »
Dans la nuit de vendredi à samedi, la façade de la résidence privée de Xavier Piesvaux, le CEO de Delhaize Belgique, a été barbouillée de peinture verte par des vandales. Les auteurs anonymes revendiquent fièrement leur action. Delhaize a déposé une plainte, qualifiant ces actes d’inacceptable. « Un pont trop loin, » reconnaît le syndicat socialiste BBTK.
L’action montre toutefois la polarisation de la protestation contre la ventre aux franchisés de 128 magasins Delhaize. Un soi-disant collectif de citoyens avait déjà vandalisé des supermarchés du groupe et appelé au boycott, notamment par le biais de graffitis, mais aujourd’hui, le syndicat wallon CNE adhère lui aussi au boycott.
« Invendable »
La semaine dernière, la CNE a lancé une pétition en ligne, dans laquelle les signataires indiquent combien ils ne dépensent plus dans la chaîne de supermarchés. Le cinéaste Luc Dardenne, entre autres, a signé l’action, à la grande indignation de l’ancien PDG de Delhaize, Pierre-Olivier Beckers. Le syndicat veut ainsi rendre les magasins « invendables », mais leurs actions ne feront que faire souffrir les employés, a déclaré Beckers sur LinkedIn.
Par contre, Delhaize se rend invendable elle-même, selon des échos provenant d’un tout autre milieu. Unizo n’apprécie pas du tout que la chaîne de supermarchés durcisse ses contrats de franchise. Maintenant que la chaîne utilise un modèle de franchise complet, elle doit assurer ses revenus. Cela ne peut se faire qu’en imposant des garanties aux opérateurs indépendants : garantie qu’ils achètent 95 % de la gamme, garantie qu’ils ne s’approvisionnent pas ailleurs et garantie qu’ils maintiennent les prix.
« Inadmissible »
Il semble que Delhaize s’oriente vers un modèle de franchise plus sévère, comme la chaîne sœur Albert Heijn le fait depuis des années, alors que le détaillant n’a fait qu’invoquer l’esprit d’entreprise créatif et la capacité d’adaptation locale des magasins franchisés pour justifier la restructuration au début.
« Inadmissible », estime l’organisation d’indépendants Unizo, qui est convaincue que de nombreux candidats à la reprise se désistent. Il est vrai que des acheteurs se retirent, a confirmé Delhaize à De Standaard, mais il s’agirait d’une sélection naturelle. Les nouveaux contrats n’y seraient pour rien. Il y aurait toujours au moins un candidat pour chaque magasin.
Ce n’est qu’en août que la direction et les syndicats se réuniront à nouveau pour négocier. Voilà un délai bien long lorsque les esprits continuent de s’échauffer de la sorte. Depuis plus de trois mois, les parties ne parviennent pas à rapprocher leurs points de vue. Alors, comme pour la météo, il faudra attendre pour savoir si les prochaines semaines apporteront un apaisement ou une surchauffe ?