Deux producteurs ont reçu l’autorisation du ministère américain de l’agriculture de commercialiser de la viande de poulet de culture. Les premiers clients ne sont pas des supermarchés, mais des restaurants étoilés.
Une avancée majeure
La viande cellulaire issue de bioréacteurs arrive enfin sur le marché américain : les producteurs Upside Foods et Good Meat, tous deux basés en Californie, ont reçu l’approbation finale du ministère de l’agriculture, après que la FDA, l’autorité alimentaire américaine, a donné son aval. Après Singapour, les États-Unis sont seulement le deuxième pays à approuver la commercialisation de viande cultivée en laboratoire
Cette annonce constitue une avancée majeure et une nouvelle particulièrement importante pour le secteur de la technologie alimentaire. Depuis 2013, lorsque le Néerlandais Mark Post, de Mosa Meat, a présenté à la presse son premier hamburger à base de viande cultivée, le monde nourrit de grands espoirs pour une viande qui ne nécessite pas la mort d’un animal. Avec l’ouverture du marché par une grande économie comme celle des États-Unis, l’industrie peut enfin se développer, ce qui permettra de réduire encore les coûts. La confrontation avec un large groupe de consommateurs déterminera l’avenir de cette industrie.
Pas encore en Europe
Pour l’instant, la viande de poulet de culture n’apparaît pas encore dans les rayons des magasins Food Lion ou Walmart. Ses premiers clients ne sont pas les supermarchés, mais les restaurants étoilés. Upside Foods est fière de présenter une commande du chef français Dominique Crenn, du restaurant trois étoiles Atelier Crenn à San Francisco, et Good Meat a reçu une commande de José Andrés, qui dirige un restaurant deux étoiles à Washington.
En Europe, il faut encore s’armer de patience : aucun producteur n’a encore déposé de demande d’agrément auprès de l’autorité européenne de sécurité des aliments, et une telle procédure d’agrément prendrait facilement au moins neuf mois. Le pionnier Mosa Meat a toutefois laissé entendre il y a quelques semaines qu’elle était tranquillement prête. L’entreprise a ouvert un nouveau site de production de 2760 m² à Maastricht pour la production à grande échelle de hamburgers de bœuf fabriqués à partir de viande cultivée.
Scepticisme
La viande de culture est de la « vraie » viande cultivée à partir de cultures cellulaires dans des bioréacteurs. Le produit final est non seulement respectueux des animaux, mais aussi propre, sûr et durable : par rapport à l’élevage traditionnel, la production émettrait 80 à 90 % de gaz à effet de serre en moins, utiliserait 45 % d’énergie en moins, 90 % d’eau en moins et 99 % de terres en moins. Cependant, le coût de production reste élevé et le scepticisme d’une partie de l’opinion publique. L’Italie, par exemple, a déjà fait part de son intention d’interdire la viande cultivée.