Suite au récent conflit sur les prix entre Colruyt et Mondelez, le directeur opérationnel Jo Willemyns met en garde les fabricants contre une augmentation trop importante des prix. Il constate également une baisse inquiétante de la qualité des produits de premier prix.
« L’écart de prix se creuse »
« Nous sommes grands en Belgique mais petits dans le monde. Nos concurrents sont jusqu’à dix fois plus grands que nous, et nous sommes aussi beaucoup plus petits que nos fournisseurs. Cela met en perspective notre récent accrochage avec Mondelez », a déclaré Jo Willemyns, directeur opérationnel des activités de détail de Colruyt Group, lors de la conférence de presse de mercredi sur les résultats annuels et le changement de PDG au sein de l’entreprise.
« Nous avons estimé qu’il fallait avoir cette discussion. Mondelez et d’autres fournisseurs de marques augmentent leurs prix si fortement qu’ils dépassent la limite de l’élasticité des prix. Ce n’est bon pour personne, car on assiste alors à du ‘downtrading’ : depuis décembre, nous avons constaté que les clients achètent beaucoup plus de marques privées. Dans ce pays discount qu’est la Belgique, l’écart de prix entre les marques et les marques de distributeur se creuse.
« De moins en moins de produits belges »
En outre, Colruyt constate que la qualité des produits de premier prix en Belgique diminue, en raison de la concurrence des Pays-Bas et de la France. « Ces nouveaux acteurs importent des produits blancs de moindre qualité. Et ce alors que Colruyt, Aldi et Lidl ont continué à investir dans la qualité jusqu’à présent ». M. Willemyns remet également en question le fait que les concurrents néerlandais approvisionnent leurs magasins et leur commerce électronique à partir des Pays-Bas. « Où est la création de valeur ? »
Le futur CEO Stefan Goethaert abonde dans le même sens : « Au rayon fruits et légumes des supermarchés belges, par exemple, il y a de moins en moins de produits belges. Allons-nous céder notre chaîne alimentaire belge ? Nous travaillons avec 2 700 fournisseurs alimentaires belges et 6 000 agriculteurs, dont 600 de manière très directe. »
Augmentation du trafic vers la France
L’augmentation des achats frontaliers est également une préoccupation pour Colruyt. « Les achats en France sont de moins en moins chers. Le ministre de l’économie Bruno Lemaire a récemment convenu de nouvelles réductions de prix avec les fabricants français. Et 53 % de la population belge vit à moins de 30 minutes en voiture de l’étranger. Nous constatons une augmentation du trafic des consommateurs vers la France ».
Dans ces conditions difficiles, Colruyt reste le leader du marché, avec une part de marché en légère hausse. « Nous garantissons le prix le plus bas depuis 50 ans et nous avons vu de nombreux concurrents apparaître et disparaître », note M. Willemyns. Colruyt Meilleurs Prix lance une nouvelle campagne, avec un contenu légèrement plus émotionnel. En septembre, la chaîne fêtera 50 ans de meilleurs prix.
Il n’y a pas trop de supermarchés en Belgique ? Selon Willemyns, non. En raison de l’aménagement du territoire spécifique au pays, les familles belges parcourent de plus grandes distances pour se rendre au supermarché que dans les pays voisins, selon une analyse de RetailSonar. Il y a donc encore de la place, conclut-il. Mais l’accent doit être mis sur la rentabilité par mètre carré.