Seules des mesures audacieuses peuvent encore sauver le food-retail en Belgique : si l’on supprimait purement et simplement les supermarchés, tous nos problèmes seraient résolus, non ? Filet Pur met le feu aux poudres et révèle la seule véritable raison des promotions sur la Duvel.
Commerçants
Imaginer des solutions simplistes à des problèmes complexes : c’est un peu la spécialité de nos chers élus. Et en la matière, ils déçoivent rarement. Comme le CD&V, qui demande un embargo sur les promotions-chocs sur les produits frais. Interdire les actions 1+1 gratuit : le parti estime que cette mesure sauverait l’ensemble du secteur agricole d’un coup de baguette magique. Que cette proposition augmente le prix des produits sains dans le caddie et accentue le risque de gaspillage alimentaire est tout à fait secondaire. À l’approche de la mère de toutes les élections, il convient de définir ses priorités.
La députée Leen Dierick évoque l’exemple français, mais il semble qu’elle n’ait encore jamais dépassé Quiévrain. Car s’il est vrai qu’une loi similaire existe là-bas, celle-ci n’empêche pas E.Leclerc, Intermarché et tutti quanti de multiplier les actions promotionnelles. Les commerçants sont des commerçants. Et les agriculteurs y sont – si telle chose est possible – encore plus mécontents que chez nous.
Interdit
Et que nous faisons-nous quand nous constatons que nos food-retailers locaux ne peuvent plus faire face à la concurrence internationale ? C’est très simple : nous leur rendons la vie encore un peu plus difficile. Nous augmentons encore un peu leur masse salariale. Et nous bloquons toute forme de flexibilité. Prêt pour une faillite générale ? C’est fondamentalement l’esprit du projet de loi révolutionnaire avec lequel le PS espère faire exploser l’ensemble du retail en Belgique. Un bel échantillon de terrorisme politique.
En effet : si le Boulevard de l’Empereur obtient gain de cause, les franchises seront purement et simplement interdites. Ce qui résoudrait immédiatement le problème Delhaize, Mestdagh/Intermarché et tutti quanti : il n’y aura tout simplement plus de chaînes de supermarchés dans le pays. De toute façon, ce ne sont qu’une dérive pernicieuse du capitalisme actionnarial débridé. Les magasins d’État, ce n’est pas une idée si saugrenue que cela, n’est-ce pas ? Quoique… Bof.
Soviétique
Peut-être pourraient-ils commencer par nationaliser les supermarchés Delhaize ? De toute manière, ils ressemblent déjà à des magasins soviétiques des années 1970 : on peut déjà s’estimer chanceux quand on y trouve quelque chose de comestible dans les rayons. Quoi qu’il en soit, je ne pense pas que les Lions vont reculer d’un nanomètre sur leur grand projet d’avenir. Ces magasins seront franchisés, point final. Il y a zéro marge de négociation. Les syndicats n’en ont plus l’habitude… Et le fait que leur propre position soit menacée ne leur plaît pas du tout.
Mais une question me taraude encore dans tout ce remue-ménage : où reste Frans ? Vaporisé… La main invisible derrière le grand projet de Delhaize a complètement disparu des radars. Comme s’il était parti pour de longues vacances après la présentation des résultats financiers, histoire d’enfin profiter de son bonus royal. Sa marionnette Xavier Piesvaux reste elle aussi étrangement silencieuse. Le leadership, c’est manifestement dépassé. Quelle qu’en soit l’issue, leur grande transformation ne leur vaudra aucun prix de beauté à Kobbegem et à Zaandam. Et la note est salée.
Passer à la caisse
Qui gagne encore de l’argent dans le food-retail ? Vous n’entendrez en tout cas pas Alexandre Bompard se plaindre : il vient prolonger son contrat chez Carrefour. Et y gagnera encore plus que Muller : s’il atteint ses objectifs, il touchera près de huit millions. Mais la vie à Paris est plus chère. Beaucoup plus chère qu’à Veghel, en tout cas. Je ne connais pas le salaire annuel des trois enfants van Eerd, mais ils sont désormais propriétaires du Péril Jaune, chacun pour un tiers. Appréciez l’ironie : malgré sa suspension, Frits accroît encore son emprise sur Jumbo.
À Breendonk, par contre, c’est la débandade. Les ventes de l’intouchable Duvel, leur produit phare, sont en chute libre. À tel point que pour la première fois dans son histoire centenaire, la marque a décidé de baisser son prix. Une révolution « Nous voulons simplement rendre notre bière un peu plus attrayante pour les clients existants et nouveaux confrontés à toutes ces hausses de prix », s’est essayée la porte-parole. N’en croyez pas un mot.
Peau de chamois
Que s’est-il réellement passé ? Notre grand timonier, notre Captain of Retail qui a maintenu à lui seul les ventes de Duvel à Anvers à niveau pendant des décennies, a renoncé à la bière. Aujourd’hui, il passe tout son temps libre sur son vélo de course – avec une peau de chamois dans le pantalon, comme il sied à tout vrai Flamand. Il sera bientôt aussi fit que Pogacar, prêt pour les classiques flandriennes. Chez le brasseur, la division Ventes est en panique. D’où cette réduction inédite.
Parce que, sérieusement : 20% ? C’est se moquer du monde, non ? Chez RetailDetail, la Duvel est tout simplement gratuite ! Et au fût. Du moins pour ceux qui assistent à l’un de nos événements inégalés et restent dans les parages pour boire un verre. Comme hier, lors d’un Omnichannel & E-Commerce Congress à guichets fermés et d’une qualité stupéfiante. Une autre opportunité se présentera dans quatre semaines au RetailDetail Congress. Vous viendrez y prendre un verre ? À la semaine prochaine !