Les labels durables n’ont jamais été aussi pertinents, observe-t-on chez Certisys, un expert en la matière qui accompagne les entreprises dans le processus de certification de leurs initiatives durables. Le label bio est également appelé à gagner en importance, car l’agriculture biologique offre une réponse aux problèmes posés par les méthodes de production de masse, et notamment à la problématique des émissions d’azote.
Bio, équitable, écologique
« Notre mission, c’est de contribuer à un monde plus durable », déclare Franck Brasseur, General Manager de Certisys depuis son rachat il y a près de deux ans par son homologue français Ecocert, un groupe international qui compte plus d’une centaine de filiales dans le monde. Certisys, organisme de contrôle et de certification agréé, opère en Belgique, aux Pays-Bas et au Luxembourg à partir de trois sites belges : un en Flandre, un à Bruxelles et le dernier en Wallonie.
« Nous avons commencé dans les années 1980, quand le secteur biologique en était encore à ses balbutiements. À l’époque, tout le monde nous prenait pour des fous ! Mais nous avons toujours conservé notre philosophie : proximité des clients et engagement durable en faveur de la préservation de la biodiversité. » Le pionnier de l’agriculture bio ne cesse d’élargir sa gamme de services : outre les certifications en agriculture biologique, Certisys propose également des cahiers des charges privés qui certifient les produits issus du commerce équitable et durable, des produits de nettoyage et d’entretien, des cosmétiques et la sécurité de la chaîne alimentaire – entre autres.
Travailler sur la notoriété des labels
Certisys attribue des labels connus et moins connus comme Biogarantie, Ecogarantie, Demeter, Cosmos, Rainforest Alliance, MSC ou encore Vegaplan. « Nous accompagnons nos clients dans chaque étape du processus de certification », explique Franck Brasseur. L’expert travaille pour tous les types d’entreprises, des agriculteurs aux importateurs et détaillants en passant par les transformateurs et les producteurs. « Nous veillons avant tout à ce que la certification ait un sens pour le consommateur, mais aussi pour le producteur. Pas question de verser dans le greenwashing. »
La certification aide les entreprises à accéder plus facilement aux marchés nationaux et étrangers. Les acheteurs de grandes chaînes de supermarchés comme Carrefour ou Delhaize, par exemple, doivent respecter des cahiers des charges qui imposent des exigences de plus en plus strictes en termes de normes environnementales et sociales. Il sont en effet tenus d’aligner leur assortiment sur les ambitions ESG de leur enseigne et les règles imposées par l’UE. Des labels comme Ecogarantie ou Rainforest Alliance offrent ces garanties. Le secteur a donc tout intérêt à mieux les faire connaître.
Détergents et cosmétiques durables
Comment évolue la demande de labels biologiques et durables ? Après une forte croissance pendant la pandémie, la bio enregistre aujourd’hui un léger tassement induit pour le contexte économique, observe Franck Brasseur. « Pourtant, les produits bio subissent moins l’inflation que les produits conventionnlels. Les producteurs bio consentent un effort important pour maintenir les prix sous contrôle, tandis que certaines marques et enseignes procèdent à des augmentations supérieures à la moyenne du marché. Aujourd’hui, certains produits bio sont ainsi moins chers que des produits conventionnels. »
Parallèlement, la demande de certification durable pour les détergents et les cosmétiques est en train d’exploser, avec une croissance moyenne de plus de 15%. De plus en plus de marques souhaitent réduire leur impact environnemental en optant pour des techniques de production moins consommatrices et plus respectueuses de la nature. « Et ce n’est qu’un début. De plus, je suis persuadé qu’avec le temps et l’amélioration de la conjoncture, le bio aussi va rebondir. »
Le bio comme solution dans le dossier de l’azote
En effet, les défis en matière de climat et de biodiversité sont tels que le bio est vraiment la seule solution. « Voyez le débat sur l’azote en Flandre. Quel modèle agricole voulons-nous défendre ? Le gouvernement flamand prend des mesures de soutien en faveur des agriculteurs, mais celles-ci ne font que repousser le problème sans le résoudre sur le fond : les émissions d’azote restent hors de contrôle. En revanche, le bio apporte une réponse : c’est un modèle durable et viable qui concilie préservation de l’environnement et agriculture. C’est la seule norme largement connue et défendue à même de résoudre nos problèmes environnementaux. »
Les exigences de plus en plus strictes imposées par l’UE en matière de durabilité vont doper les labels durables. De plus, les consommateurs sont de plus en plus attentifs à ce qu’ils achètent, la grande distribution est décriée pour exercer une trop forte pression sur leurs petits fournisseurs et les acteurs de la mode ne peuvent plus proposer des T-shirts bon marché fabriqués par des enfants au Bangladesh en toute impunité.
Des collaborateurs engagés
Les entreprises considèrent la certification comme un moyen de valoriser leurs pratiques durables et de garantir la pérennité de leurs activités. Prenons l’exemple de la crise de la dioxine en Belgique : parce qu’un acteur s’est mal comporté, c’est toute l’industrie qui a été pointée du doigt et en a subi les conséquences. »
Les certifications durables n’ont donc jamais été aussi pertinentes. Le sujet est bien vivant, constate Franck Brasseur : « Nous n’éprouvons aucune difficulté à recruter des collaborateurs engagés. Ils se reconnaissent dans les valeurs véhiculées par l’entreprise. Nous croyons en notre métier et en notre valeur ajoutée pour la société : aider les entreprises à adopter des pratiques durables de manière indépendante, transparente et cohérente. »