Ne vous faites pas aucune illusion, la Liquidation Générale a bel et bien commencé : les repreneurs potentiels doivent font la queue à Kobbegem, comme Filet Pur le dévoile en toute exclusivité. Découvrez également la réponse à la grande question : qui sera le prochain ?
Quota
Un Filet Pur le lundi ? Ne pensez pas que nous ayons fait grève lors de la journée d’action de vendredi dernier. Des travaux étaient indispensables sur notre superbe site web. Et contrairement à certains employés de supermarchés, nous sommes flexibles. Pour nous rattraper, nous vous offrons un scoop en exclusivité. Alors, pardonnés ? En effet, ne croyez pas les articles de la presse généraliste qui donnent l’impression que les franchisés ne débordent pas d’enthousiasme à l’idée de reprendre l’un de ces 128 magasins. C’est le contraire.
Plus encore : on assiste à une véritable ruée d’entrepreneurs sur des succursales Delhaize qui ne sont même pas encore officiellement à vendre. C’est la réalité actuelle chez le numéro deux belge qui. Certes, les réponses aux e-mails sont formelles : « Nous vous contacterons dès que le processus le permettra. » Mais au téléphone, on parle même de quotas : un magasin par tête, prenez un numéro et ne poussez pas ! Les candidats devront cependant encore patienter quelques mardis. Mais ce n’est pas un ministre du travail qui va faire changer d’avis les Lions : tout doit partir ! Car le franchisage devient la nouvelle norme dans le foodretail. Surtout parce que le secteur n’a pas le choix.
Jeunes loups
Rien ne se perd : les militants mécontents recyclent leur logo Malhaize d’un précédent conflit social, en 2014. Quand on parle de durabilité. À l’époque, quelque 2 400 personnes avaient été mises à la rue, et un certain Frans Muller n’y était déjà pas totalement étranger. Mais bon, nous l’avions déjà prédit la semaine dernière, n’est-ce pas ? Le hasard n’existe pas : en ce maudit mardi du conseil d’entreprise extraordinaire, une délégation d’entrepreneurs Delhaize était venue assister à la master class « Le supermarché du futur », chez RetailDetail… Le plan se met donc en place.
Ce qui ne plaît pas aux syndicats : ils sont en état de choc. Parce qu’ils sont mis sur la touche après avoir réussi à empêcher tout changement au cours de la dernière décennie. Cette fois, il n’est pas question de licenciements collectifs. Et de casse sociale ? Allons… Les employés ne sauront vraiment ce qui les attend qu’une fois qu’ils auront rejoint le nid merveilleusement douillet d’une petite entreprise familiale. Le contraste promet d’être grand avec l’environnement impersonnel d’un groupe international où il faut subir tous les deux ans les caprices d’un nouveau directeur de supermarché, sans parler de ses ambitieux assistants stagiaires. De jeunes loups aux dents longues, à peine sortis de l’école. Des petits malins sans expérience qui viennent expliquer au personnel expérimenté comment gérer un magasin… Avec toutes les conséquences que l’on connaît. Pas vrai ? Pourtant, ils continuent à faire des bénéfices : 49 millions d’euros, comme on l’a récemment appris. Une bagatelle.
À la caisse !
Beaucoup plus de variété aussi dans une journée de travail type chez un AD Delhaize. Les joies de la polyvalence : on ne voit pas les heures passer. Chez RetailDetail, nous en savons quelque chose. Les ventes et les parts de marché vont-elles à nouveau grimper en flèche ? Faites le calcul : si cette grande opération d’outsourcing réussit, Delhaize empochera au moins les millions d’euros générés, par exemple, par 128 x 52 dimanches. Pas mal, non ? Et ce, à moindre coût. À la caisse !
Le plan est presque parfait. Presque. Parce qu’il y a un « mais ». Pour renouer avec la croissance, le retailer devra faire en sorte que son magnifique assortiment de produits sains arrive dans les rayons en temps voulu. Car il est impossible de vendre ce qu’on n’a pas en magasin. Et si Delhaize lui-même continue à minimiser ses défaillances logistiques – « jusque quelques contretemps, rien de plus » –, les plus fidèles clients ne peuvent que les constater chaque semaine.
Client mystère
Il y a un peu plus d’une semaine – alors que les magasins étaient encore ouverts –, je me suis un peu attardé par pur intérêt professionnel au rayon des légumes en conserve, où deux jeunes employés devisaient de l’organisation du travail dans leur Delhaize tout en réapprovisionnant à la hâte un rayon presque vide – j’ai juste réussi à attraper la dernière boîte de haricots rouges. D’après ce que j’ai compris, le camion attendu ne s’était pas présenté la semaine précédente, avec toutes les conséquences que cela implique. Ils doivent maintenant mettre les bouchées doubles pour rattraper leur retard. Et ce n’est pas une exception.
Ils étaient également mécontents de la manière dont les produits étaient actuellement livrés dans ces camions. Sans parler de leur emploi du temps ou du directeur du magasin local, dont ils estiment qu’il ne contrôle rien. Je ne sais pas si Monsieur Piesvaux fait régulièrement du mystery shopping. Et si ce n’est pas le cas, je lui recommande vivement de le faire. Comme à tous les directeurs de toutes les entreprises de retail, d’ailleurs. À l’improviste et incognito, bien sûr. Soigneusement dissimulés sous un sweat à capuche, derrière une fausse moustache bien fournie.
Coulisses
En passant, il pourrait également jeter un coup d’œil sur leurs collègues en bleu clair. De nombreux observateurs et analystes croient d’ailleurs savoir que cette Liquidation générale a été décidée sous la pression de Zaandam, ce que les Lions s’obstinent à nier. Mais ce qui est clair, c’est qu’au cours de ces presque sept années qui se sont écoulées depuis la fusion, ils ont très peu appris de leurs homologues néerlandais à Kobbegem. Oh, il y a bien les quelques marques de distributeur communes, les Petits Lions, etc. Mais l’essence même de la profession de commerçant se trouve dans les coulisses : c’est là que l’argent se gagne.
Et la poignée de franchisés qui ont déjà eu l’occasion d’ajouter un Albert Heijn à leur AD ressentent la différence au quotidien. Un magasin bleu tourne tout seul. Aucune inquiétude à avoir. De l’horlogerie suisse. Certes, les marges sont plus faibles et il faut donc vendre davantage, mais si ça marche, ça marche. Dans leur Delhaize en revanche, il faut constamment improviser. Ce qui est tout aussi amusant, mais différent.
Quantité négligeable
Soit dit en passant : s’il s’agissait d’une grande nouvelle pour nous, le reste du monde ne s’en est pas ému, et certainement pas les investisseurs. Delhaize Belgique est quantité négligeable au sein du groupe. Who cares ? Apprenez à vivre avec.
On termine par une prévision ? Carrefour est le prochain sur la liste. Le moulin à rumeurs tourne à plein régime. Logique : il faut sortir du rouge. En France, le retailer franchise déjà des hypermarchés. Pourquoi pas ici ? Une recherche de candidats serait déjà en cours, entend-on dans les couloirs, mais sans grand succès pour l’instant. Le moment de lancer une action promotionnelle ? Colruyt résiste encore : les magasins d’Okay Compact sont transférés dans une commission paritaire plus chère. Osé. Mais à un moment donné, il faudra bien intervenir, non ? Comment ? Le suspense est à son comble. Quoi qu’il en soit, attachez vos ceintures ! Et à vendredi, donc !