Selon de nouveaux chiffres, l’inflation élevée incite les consommateurs européens à acheter beaucoup plus de marques de distributeur. Cela a tout à voir avec l’écart de prix grandissant entre les marques nationales et les mdd.
Ventes record
En pleine crise du corona, les marques nationales ont réussi à renforcer leur position sur le marché : les consommateurs avaient besoin de confiance en temps incertains. Mais sous l’influence de l’inflation élevée de l’année dernière, le comportement d’achat des clients des supermarchés a de nouveau changé radicalement : les consommateurs mettent à nouveau davantage de marques de distributeur à bas prix dans leur caddie, car le budget familial est sous pression.
Cette tendance se poursuit dans toute l’Europe, selon la dernière édition de l’International Private Label Yearbook, une publication de la PLMA (l’association des fabricants de marques de distributeur) et du cabinet d’études NielsenIQ. Les ventes totales de marques de distributeur ont augmenté de pas moins de 25 milliards d’euros pour atteindre 302 milliards l’année dernière.
Nettement moins chers
Il n’y a qu’une seule exception : en Suisse, la part des marques de distributeur a légèrement diminué. Mais dans ce pays, les marques de distributeur représentent désormais 51,6 % des ventes, soit la part la plus élevée de la région européenne. Et l’ensemble du marché alimentaire y a reculé en 2022. Dans les 16 autres pays étudiés, on constate une augmentation de la part des ventes. Les fortes hausses relevées par l’étude concernent la République tchèque (+3,5%), le Portugal (+2,9%), l’Espagne (+2,2%) et la Hongrie (+2,2%).
Aux Pays-Bas, les marques privées représentent déjà 44% des ventes des supermarchés. En Espagne, elle est de 43,3%, au Royaume-Uni de 42,7%. En Belgique, où la part en volume atteint 55,2%, les marques de distributeur représentent 37,8% des ventes, ce qui indique que ces marques de distributeur y sont nettement moins chères que les grandes marques.
L’écart de prix se creuse
Ces chiffres ne sont pas une grande surprise : depuis plus d’un an, les marques de distributeur appliquent de fortes hausses de prix pour faire face à la forte augmentation des coûts. Ce faisant, elles se heurtent aux chaînes de supermarchés, qui veulent maintenir des prix bas. Bien que les marques de distributeur répercutent également la hausse des coûts – souvent même davantage en pourcentage que les marques A – l’écart de prix continue de se creuser. Ces différences sont très visibles pour les consommateurs dans les rayons des supermarchés.
De plus en plus de multinationales de produits de grande consommation signalent aujourd’hui qu’elles constatent une baisse des volumes vendus en raison de ces hausses de prix : les consommateurs sont de plus en plus nombreux à rechercher des alternatives moins chères en période d’inflation élevée, et les supermarchés en tirent habilement parti en mettant en avant leurs marques de distributeur moins chères : pensez aux ‘Prijsfavorieten’ chez Albert Heijn, aux P’tits Lions chez Delhaize ou aux actions pouvoir d’achat de Carrefour. Mais les marques n’ont d’autre choix que d’augmenter les prix pour ne pas mettre en péril leur rentabilité. En 2023 également, la plupart des marques alimentaires appliqueront de nouvelles hausses de prix.