La Région bruxelloise veut limiter temporairement l’indexation des bails commerciaux, car la hausse des prix de l’énergie entraîne une augmentation disproportionnée des loyers. Les détaillants défendent la mesure, les propriétaires sont en colère.
« Les détaillants paient deux fois »
Le gouvernement bruxellois veut soutenir les détaillants en limitant l’indexation des loyers commerciaux. En effet, comme les prix de l’énergie sont dans l’indice santé, les loyers commerciaux indexés augmentent de façon disproportionnée. Bruxelles fixe donc une indexation basée sur un indice dont les prix de l’énergie sont exclus. Cela permettrait d’augmenter les loyers de 5,5 % seulement, et non de 11 %.
Les détaillants sont satisfaits de cette intervention : « On peut discuter de l’effet concret de l’ordonnance », déclare Koen Tengrootenhuysen de Decathlon, qui préside Retail Forum Belgium. « Au final, il ne s’agit que d’un report d’un an. Que se passe-t-il ensuite ? L’essentiel est qu’il est inacceptable que les détaillants aient à payer deux fois pour la crise énergétique : une fois par l’augmentation des factures d’énergie, et une seconde fois par la hausse des loyers qui en résulte. »
« Les grandes chaînes applaudissent »
Il met en évidence une distorsion du marché : en fin de compte, la hausse des prix de l’énergie n’augmente pas la valeur d’une propriété commerciale. Pourtant, les propriétaires peuvent demander des loyers plus élevés en raison de la crise énergétique, qui fait grimper l’indice santé. « En tant que détaillants, nous ne pouvons pas simplement répercuter ces coûts croissants sur nos clients », a-t-il déclaré.
Tout le monde n’est pas d’accord. « Les grandes chaînes internationales applaudissent », déclare l’Association professionnelle du secteur immobilier (BVS) à De Tijd. Filip Dubois, du propriétaire Redevco, est d’accord : « Je n’ai absolument rien contre le fait d’aider les petits commerçants tels que les boulangers, les bouchers et le secteur de la restauration. Mais cette ordonnance s’applique à tout le monde, y compris aux grandes chaînes qui ont beaucoup de capital. »
Indice vert
Une fausse contradiction, estime Tengrootenhuysen : « Les grandes chaînes voient leurs factures d’énergie augmenter également. Les sièges internationaux surveillent également l’indexation automatique des salaires qui vient s’ajouter au handicap salarial existant, en plus des performances et des coûts. » Il fait délicatement remarquer que le propriétaire de magasins Retail Estates, considéré comme une référence pour l’ensemble du secteur, a apparemment réussi à doubler son bénéfice net au cours des six derniers mois.
Au début de cette année, RFB et Comeos ont lancé une proposition visant à lier l’indexation des loyers au score énergétique de l’immeuble commercial. Un tel indice « vert » encouragerait les propriétaires à investir dans l’efficacité énergétique de leurs biens. Une situation gagnant-gagnant-gagnant : pour le propriétaire, le locataire et la planète. Le ministre flamand de l’économie, Jo Brouns, semble apprécier cette idée : il travaille sur une mesure liant le droit à l’indexation dans le bail commercial à la valeur PEB du bien. Seulement, il n’existe pas encore de système PEB pour les propriétés commerciales.