Le marché des vêtements de seconde main est en plein essor, ce qui a permis à Vinted de voir ses ventes augmenter de façon exponentielle. Mais les pertes de la plateforme de mode ont également atteint des sommets. Pas d’inquiétude : le potentiel est énorme et les investisseurs se mobilisent.
Stratégie délibérée
L’année dernière, le chiffre d’affaires de Vinted est passé de 148 millions à 245 millions d’euros, soit une croissance de 65 %. Une forte performance, soutenue par le grand intérêt des consommateurs pour la mode d’occasion. La conscience des coûts et la durabilité sont des facteurs décisifs à cet égard. Mais la croissance a un prix élevé pour l’appli de mode : les pertes sont passées de 24 millions d’euros en 2020 à 118 millions d’euros en 2021.
Ces chiffres rouges sont principalement dus à des investissements marketing en forte hausse, rapporte le magazine économique Quote. Vinted a effectivement dépensé 193 millions d’euros en publicité l’année dernière, soit trois fois plus qu’un an auparavant. Il s’agit d’une stratégie délibérée : au lieu de réaliser des bénéfices maintenant, la direction préfère investir dans une croissance accélérée, indique le rapport annuel. L’année dernière, la startup a levé 250 millions d’euros auprès d’investisseurs. La société dispose encore de 239 millions d’euros de liquidités et de 50 millions d’obligations d’entreprises.
« Une goutte dans l’océan »
Vinted est présente dans 16 pays et est valorisée à 3,5 milliards d’euros. Il s’agit aujourd’hui de la plus grande plateforme de mode d’occasion d’Europe. Le PDG Thomas Plantenga ne voit pas de fin à la croissance pour le moment : les neuf premiers mois de cette année ont déjà vu une augmentation de 37 % des ventes. « L’occasion n’est qu’une goutte dans l’océan », dit-il au Financial Times. Le marché de l’occasion ne représente encore que 3 à 4 % du marché total de la mode.
Le fait que de plus en plus de détaillants de mode se lancent eux-mêmes dans la seconde main ne dérange pas la startup. La vraie concurrence, ce sont les acheteurs qui achètent de nouveaux vêtements. Plantenga veut les convaincre de regarder d’abord du côté de l’occasion, avant d’envisager un nouvel achat. Pour faciliter cette tâche, il construit un réseau européen de casiers. Un premier test est en cours en France. « Nous voulons que vous mettiez des vêtements dans un casier aux Pays-Bas et qu’une femme en France vienne les chercher », explique-t-il. Pour l’expansion, l’accent est mis sur l’Europe : « L’Europe est notre foyer, nous comprenons vraiment ce marché », déclare M. Plantenga, soulignant que des marchés comme les États-Unis et le Canada sont très différents.