Les opérations internationales de Lidl affichent une belle progression des ventes, même si le rythme de croissance se ralentit un peu après la pandémie. Le discounter parvient à plus que maintenir ses marges dans la plupart des pays, à une douloureuse exception près…
Une part de marché en hausse
Le discounter allemand Lidl est désormais présent dans 32 pays : il a récemment ajouté la Lettonie (octobre 2021) et l’Estonie (mars 2022). Le détaillant a placé ses opérations internationales – toutes les activités en dehors de l’Allemagne, représentant ensemble plus de 66% des ventes totales du détaillant – dans la société Lidl Stiftung & Co KG. Les résultats de cette société sont maintenant connus pour l’exercice brisé 2021/22, qui se termine en février 2022. Les analystes de Barclays se sont penchés sur les chiffres.
Le chiffre d’affaires des opérations internationales de Lidl a augmenté de 7,1 % pour atteindre 66,7 milliards d’euros au cours de ce dernier exercice, soit un léger recul par rapport à la croissance de 9,5 % enregistrée au cours de l’exercice précédent. Ce ralentissement n’est pas illogique compte tenu de la suppression des restrictions sanitaires. Lidl a gagné des parts de marché dans la plupart des pays. Le détaillant reste fortement engagé dans l’expansion : les investissements ont augmenté de 13%, retrouvant ainsi les niveaux d’avant la crise.
Performance mitigée
En France, les ventes ont augmenté de 4,1% pour atteindre 15,1 milliards d’euros et sa part de marché est de près de 8%. Le détaillant y a ouvert 35 nouveaux magasins l’année dernière et investit massivement dans la communication. En Espagne, les ventes ont augmenté de 6,6 % pour atteindre 5,1 milliards d’euros, grâce notamment à l’ouverture de 40 nouveaux magasins. Le discounter y est numéro trois avec une part de marché de 5,8% (le marché espagnol est encore très fragmenté). En Italie, le détaillant a ouvert 42 nouveaux magasins et en compte désormais 700. Les ventes ont augmenté de 6,9 % pour atteindre 5,9 milliards d’euros. Au Royaume-Uni, Lidl a réalisé des ventes de 7,8 milliards de livres sterling (9 milliards d’euros), soit une modeste croissance de 1,5 %.
Le contraste est toutefois saisissant avec les pertes record enregistrées par Lidl en Belgique ces dernières années. Cela est dû à des investissements élevés dans l’expansion et à l’augmentation des coûts d’exploitation dans ses magasins, qui élargissent leurs gammes et mettent davantage l’accent sur le frais, ce qui nécessite davantage de main-d’œuvre. Les ventes belges ont diminué de 2,2%, à 2,59 milliards d’euros. La concurrence y est féroce.
Des marges solides
Bien que la marge d’EBITDA ait diminué de 20 points de base, elle reste, à 6,83 %, supérieure à celle de la plupart de ses homologues et également supérieure à celle des années précédant la pandémie. La marge brute a diminué de 10 points de base, les frais de personnel ont augmenté en raison de l’expansion et des augmentations de salaire. Mais le discounter n’a pas de problème de productivité : le chiffre d’affaires par équivalent temps plein est passé à 396 000 euros par an. Avec une marge opérationnelle de 4,3 %, Lidl fait mieux que la moyenne du commerce de détail alimentaire européen.
Pour l’exercice en cours, Lidl prévoit une croissance modérée des ventes et un bénéfice net au niveau de l’année dernière. Il y a trop d’incertitudes pour communiquer des prévisions concrètes. Toutefois, le détaillant reste déterminé à se développer, à moderniser son réseau de magasins et à internationaliser ses activités online. En France, Lidl voit un potentiel de croissance de ses 1550 magasins actuels à 1800 à terme. En Espagne, 150 nouveaux magasins et quatre plateformes logistiques sont prévus d’ici 2024. En Italie, 150 magasins seront ajoutés d’ici 2024. Le potentiel est de 1 000 d’ici 2030.
Intégration verticale
Qu’en est-il de l’Internet, un terrain difficile à conquérir pour les hard discounters ? La société mère Schwarz Group a précédemment révélé que les ventes en ligne de Lidl et Kaufland représentent à peine 1,3 % des ventes totales du groupe. Les clients ne peuvent toujours pas commander des aliments en ligne ou se les faire livrer chez Lidl. Toutefois, le discounter poursuit le développement de son application de fidélité numérique Lidl Plus en Europe. En France, par exemple, cette application compte déjà plus de 5 millions d’utilisateurs, et leur panier moyen est 50 % plus élevé que celui des autres clients. Dans plusieurs pays, Lidl intègre également un service de paiement dans l’application.
Enfin, il convient de noter que Lidl mise également sur l’intégration verticale, par exemple dans le transport et la production. Récemment, le détaillant a créé sa propre compagnie maritime, Tailwind Shipping Lines, afin de mieux contrôler sa chaîne d’approvisionnement et les coûts élevés des conteneurs. Le discounter a également acquis un certain nombre de fabricants, dont un producteur de pâtes sous marque de distributeur, et une usine de papier.
Croissance du chiffre d’affaires de Lidl International
Marge opérationnelle de Lidl International