Les véhicules de livraison électriques sans conducteur offrent-ils une solution à la pénurie de chauffeurs et au coût élevé du dernier kilomètre dans le commerce électronique ? Colruyt Group teste pour la première fois ce potentiel sur des routes publiques.
Besoin de nouvelles solutions
À Londerzeel, Collect& Go, le service de livraison de produits du groupe Colruyt, a envoyé un véhicule de livraison sans conducteur sur la voie publique pour la première fois mercredi matin, après des tests effectués pendant plusieurs semaines sur le parking de son centre de distribution. Pendant les deux prochains mois, le véhicule effectuera le plus long trajet sans personnel jamais réalisé en Belgique, soit 4 kilomètres entre le centre de distribution et le point de collecte Collect&Go du supermarché local Colruyt. Une route assez difficile, avec beaucoup de trafic.
Le but du test ? Déterminer ce que les véhicules sans conducteur peuvent signifier pour le service de livraison dans un contexte de commerce électronique en évolution rapide. L’efficacité et la durabilité sont ici essentielles. Le coût élevé du dernier kilomètre, le problème de la mobilité dans les villes et la pénurie de conducteurs accroissent le besoin de nouvelles solutions.
Livraison durable
« Nous avons grandi avec les points de collecte, mais nous répondons à de nouveaux besoins », explique Tom De Prater, directeur de Collect&Go. « Nous livrons déjà les courses dans 18 communes de Bruxelles et 9 communes d’Anvers avec notre propre service de livraison. Nous voulons parier sur une livraison durable jusqu’à la porte d’entrée. Il s’agit du premier essai d’un véhicule autonome du dernier kilomètre sur la voie publique en Belgique. Nous misons sur l’innovation, en testant de nouvelles opportunités. »
Smart Technics, la division innovation du groupe Colruyt qui a notamment développé le magasin autonome Okay Direct, tire le projet et voit également l’intérêt d’autres formules du groupe.
Collecte de données
Le véhicule électrique compact de la société estonienne Clevon se déplace de manière totalement autonome : il n’y a personne à bord. Toutefois, le véhicule est surveillé à distance par un employé qui peut également intervenir si nécessaire. Pour l’instant, la vitesse est limitée à 25 kilomètres par heure, bien que le véhicule puisse atteindre 50 kilomètres par heure.
Entre-temps, le Clevon 1 est déjà autorisé à circuler sur la voie publique en Estonie et en Lituanie. Les demandes sont en cours aux États-Unis et dans d’autres pays. Les voitures autonomes roulent en toute sécurité dans le trafic urbain depuis 2,5 ans. « Le personnel représente 80 % du coût du dernier kilomètre », déclare Sander Sebastian Agur, PDG de Clevon. « La pénurie de chauffeurs constitue également un défi. Ce projet d’essai est une première étape : nous voulons d’abord recueillir des données et des réactions sur le potentiel de cette technologie en Belgique et pour le groupe Colruyt. »
Cadre juridique en cours d’élaboration
Il n’existe pas encore de cadre légal en Belgique, mais le gouvernement y travaille, indique le ministre de la mobilité Georges Gilkinet, qui a donné son autorisation pour ce projet pilote. « Les voitures autonomes ont un rôle dans la mobilité du futur, ils sont complémentaires aux autres formes de transport. De nombreux projets pilotes sont déjà en cours au niveau international. Toutefois, nous devons veiller à ne pas commettre les mêmes erreurs que pour les autres problèmes de mobilité. Un embouteillage de véhicules autonomes est aussi un embouteillage… »
Il faudra un certain temps avant que Collect&Go ne livre effectivement des produits alimentaires à domicile avec ses véhicules sans conducteur. Colruyt Group souhaite tester le véhicule de manière approfondie avant de faire toute déclaration concernant son déploiement pour la livraison du dernier kilomètre dans les villes. « Le potentiel d’une telle technologie suscite notre enthousiasme, mais en même temps, nous faisons preuve de réalisme et procédons pas à pas », a déclaré Tom De Prater.