(mis à jour) Outre Sligro, une douzaine d’autres candidats ont fait part de leur intérêt pour les filiales belges de Makro et de Metro. Mais il est de plus en plus clair que cet intérêt se concentre principalement sur l’activité de gros : pour Makro en particulier, le montage mis en place par le propriétaire Bronze Properties inquiète.
Deux candidats (presque) certains
Les mandataires de justice de Makro ont déjà recensé au moins douze repreneurs potentiels. Hier, c’est Sligro qui a fait part de son intérêt pour les activités de gros Metro, y compris une grande partie des employés. Metro compte onze établissements en Belgique et est la composante la plus saine financièrement du groupe.
Onze autres candidats potentiels auraient également demandé des informations aux mandataires de justice, a confirmé l’avocat Nick Peeters à De Tijd. Deux autres parties ont également manifesté leur intérêt sans avoir lancé concrètement la procédure de « due diligence ».
La formule sera-t-elle conservée ?
Parmi ces candidats figure le CEO de Makro Vincent Nolf. Une enquête menée auprès du personnel pour connaître ses préférences en matière de rachat a en effet révélé que le directeur préparait un « management buy-out ». Plusieurs membres de la direction reprendraient ainsi « une partie » de l’entreprise, tout en conservant l’enseigne (Metro/Makro). L’une des marques resterait alors en Belgique.
Le nom de Costco circule également, même si rien n’a été confirmé de ce côté. Ce géant américain du commerce de gros étant déjà présent en France, son intérêt n’est évidemment pas à exclure, mais les mandataires de justice se refusent à divulguer le moindre nom. À court terme, ils attendent en tout cas des offres d’au moins Sligro et Nolf.
Directeur opérationnel
Quoi qu’il en soit, l’activité de gros Metro est manifestement la poule aux œufs d’or du groupe. Pour preuve, cette division qui compte 11 magasins s’est soudainement vue dotée d’un nouveau directeur des opérations. Jonas Muys, ancien director of Metro operations, signe ainsi son grand retour au titre de operations director Metro ad interim. Jusqu’à la fin de l’année – pour laquelle on espère un repreneur –, Jonas Muys devra « soutenir les équipes Metro en cette période difficile ».
La continuité des activités est en effet essentielle afin de « maximiser l’intérêt des acheteurs potentiels », peut-on lire dans un mémo interne adressé aux employés. Cela signifie-t-il que dans les six magasins Makro, la continuité et le soutien n’auront plus d’importance puisqu’ils n’ont droit à aucun directeur intérimaire ? Le PDG Vincent Nolf dément avec véhémence. Makro dispose déjà un gestionnaire de parapluie, notamment Patricia Pardaens. Nolf aurait donc simplement engagé un manager intérimaire pour Metro parce que le directeur ne pouvait plus s’en sortir seul.
Chambre mortuaire
Les repreneurs potentiels auront jusqu’au 8 novembre pour faire une offre finale. Le tribunal pourrait ainsi parvenir à un accord avant la fin de l’année, bien que le montage dit « de la chambre mortuaire » mis en place par Bronze Properties puisse compliquer leur tâche, révèle De Standaard. Après l’acquisition du groupe en juin, le promoteur immobilier a en effet transféré certains éléments de valeur dans une structure distincte afin qu’elles ne soient pas vendues avec lui. Autre conséquence de ce montage : ces éléments ne seront pas entraînés dans la faillite si le sauvetage échoue – et ne pourront donc pas être utilisés pour rembourser les dettes. Ce qui inquiète les mandataires de justice, le personnel et les acheteurs potentiels.
Ainsi, les repreneurs potentiels ne pourront pas racheter les biens immobiliers (à l’exception d’un magasin à Liège) et le service de livraison Metro Delivery Service, entre autres. Fondamentalement, seuls les contrats de bail, le mobilier (épuisé et parfois même défectueux) et un personnel particulièrement coûteux en raison de son niveau d’ancienneté sont donc à vendre, alors que ce sont précisément les principaux postes de coûts des différentes chaînes.
Sligro a déjà laissé entendre que l’absence de Metro Delivery Service était très problématique. Les livraisons aux établissements horeca constituent en effet le principal moteur de croissance du grossiste. Le mandataire Nick Peeters estime donc que le contrat entre le service de livraison et Metro devrait au moins être inclus dans la vente, rapporte De Standaard. Les mandats du tribunal exigent en tout cas une réponse à cette question et aux quelque 113 autres questions qui ont été posées à Bronze Properties, mais restent par ailleurs totalement impuissants. Comme l’a souligné précédemment la mandataire de justice Nathalie Vermeersch, il faut surtout espérer que les acheteurs potentiels voient suffisamment d’avantages dans les emplacements et le personnel expérimenté en ces temps de pénurie de main-d’œuvre.