Il n’y aura pas de tomates belges sur les étagères de Delhaize cet hiver : plusieurs maraîchers cessent temporairement leurs activités parce qu’ils ne peuvent plus supporter les prix élevés de l’énergie. Les approvisionnements d’autres légumes de serre peuvent également être menacés.
La culture n’est plus rentable
« Nous avons été informés par nos producteurs habituels qu’ils ne produiront pas », a déclaré Roel Dekelver, porte-parole de Delhaize, à Het Nieuwsblad. « Il n’y aura donc pas de tomates belges sur les étagères. » Le détaillant sera obligé de s’approvisionner en Europe du Sud et en Afrique du Nord. Il y aura également peu ou pas de tomates belges dans les autres supermarchés, et si elles sont disponibles, elles seront considérablement plus chères.
Les producteurs de tomates chauffent leurs serres au gaz et les éclairent à l’électricité. En raison des prix élevés de l’énergie, cette culture n’est plus rentable. « Seuls 5 à 10 % des producteurs disent qu’ils continueront comme d’habitude, tous les autres réduiront drastiquement leur production, voire envisageront de fermer temporairement », déclare Vanessa Saenen, du syndicat des agriculteurs. L’augmentation des prix de l’énergie affectera également l’approvisionnement en tomates, concombres, fraises, poivrons et courgettes.
Mesures de soutien nécessaires
Stoffels Tomatoes, l’un des plus grands acteurs du secteur, n’arrête pas ses activités mais adapte sa culture pour faire des économies. L’entreprise ne veut pas perdre les relations avec les clients existants. Bien que le directeur Paul Stoffels ne se fasse pas d’illusions : « Il y a un an, le credo était encore : acheter local. Maintenant, cette voie est abandonnée sans cérémonie pour des raisons de prix ou de disponibilité », explique-t-il à De Standaard.
Le risque est que les producteurs étrangers gagnent désormais une place sur les étagères au détriment des maraîchers locaux. « Certains producteurs vont devoir se remettre sur le marché pour regagner la place qu’ils ont perdue au profit de l’Espagne et du Maroc », dit-il. « Au printemps, il faudra se battre pour revenir dans les supermarchés. Le secteur sera fermement perturbé. »
Selon Xavier Gellynck, économiste agricole à l’Université de Gand, les entreprises les plus modernes, qui ont investi récemment, risquent de se retrouver en difficulté. C’est pourquoi des mesures de soutien sont nécessaires.