Le spécialiste belge des cuisines fantômes, Casper, se procure de l’argent frais pour son expansion aux Pays-Bas et en France. « La commodité est là pour rester », déclare le PDG Matthias Laga. « Nous ne sommes pas en concurrence avec les restaurants, mais avec le supermarché. »
Élargir le champ d’action
Casper, le plus grand acteur du secteur des cuisines virtuelles en Belgique, a réuni 5 millions d’euros de capitaux frais lors d’un tour de table mené par le fonds Slingshot Ventures basé à Amsterdam, avec les entrepreneurs Jürgen Ingels (Smartfin), Zhong Xu et Jan Hollez (Deliverect). Avec cet argent, Casper veut passer de sept à cinquante sites internationaux d’ici 2024. L’accent est mis sur les Pays-Bas et la France, explique Matthias Laga, cofondateur et PDG, à RetailDetail.
« Actuellement, nous avons déjà signé trois sites aux Pays-Bas et notre responsable pour l’expansion est sur la route tous les jours pour fixer le prochain. En France, nous sommes à un stade avancé pour la signature des premiers sites. Nous avons certainement l’intention d’élargir notre champ d’action : aux Pays-Bas, nous visons la partie densement peuplée entre La Haye, Rotterdam, Utrecht et Amsterdam ; en France, nous allons d’abord à Lille, puis plus au sud. »
Une approche unique
L’argent récolté est utilisé pour payer ces nouveaux emplacements d’une part, et pour agrandir l’équipe d’autre part. « Nous avons besoin de plus de fonds de croissance que cela, mais nous voyons déjà de très bons résultats de nos magasins matures en Belgique, donc nous pouvons en financer une partie nous-mêmes. Ce que nous avons développé en Belgique – une offre à l’épreuve des livraisons, à un prix compétitif et dans un format durable – est un énorme succès. Nous sommes sûrs à 100 % que cette offre nous permettra également de réaliser un succès international », déclare M. Laga.
La cuisine fantôme commercialise dix marques virtuelles qui sont non seulement répertoriées séparément sur des plateformes de commande telles que Deliveroo, mais également réunies sous le nom de Casper. « Chez nous, vous pouvez donc combiner différentes marques dans une même commande : par exemple un hamburger avec une salade saine de Pascale Naessens, un bagel et une lasagne. C’est très unique, ça n’existe pas aux Pays-Bas. Nous sommes convaincus que nous pouvons étendre cette approche à d’autres pays. »
« Nous allons cependant adapter nos marques : nous ne prendrons pas une marque typiquement flamande comme Bertha par exemple. Notre département R&D est occupé à développer des marques qui plairont davantage au consommateur français ou néerlandais. La base restera la même, les accents seront différents. »
Des prix compétitifs
Avec l’inflation et la guerre en Ukraine, Laga ne voit-il pas de changements inquiétants dans le comportement des consommateurs en ce moment ? « En raison de la situation économique actuelle, les gens vont effectivement reconsidérer leurs dépenses, nous ne devons pas être aveugles à cela. Mais ce qui ne changera pas, c’est le besoin croissant de commodité. Les gens s’y habituent de plus en plus, pas seulement pour la livraison de repas mais partout : regardez bol.com, Amazon, Gorillas… »
« Heureusement, depuis le premier jour, nous nous sommes attachés à proposer des repas de qualité à des prix compétitifs. Nous ne sommes pas un discounter mais nous sommes compétitifs, même en période d’incertitude. Au vu de nos ventes de ce mois-ci et du mois dernier, je ne pense pas qu’il faille être trop inquiet. »
Corona, une bénédiction et une malédiction
La normalisation des comportements alimentaires et d’achat après la panémie n’effraie pas non plus les entrepreneurs. « Corona a été à la fois une bénédiction et une malédiction pour nous. Nous avons ouvert notre premier site en mars 2020. À l’époque, la pandémie a été un accélérateur : le premier confinement a fait découvrir aux Belges l’option de livraison de repas. Lors du deuxième confinement, tout le monde a sauté dans le train en marche – même les grands chefs ont commencé à proposer des plats à emporter – mais lors du troisième confinement, environ un tiers de ces nouveaux fournisseurs ont à nouveau abandonné. Après tout, il n’est pas si simple d’adapter votre offre de restaurant pour la livraison. Aussi parce qu’il faut prendre en compte les commissions que l’on verse aux plateformes de livraison. »
Casper n’est pas un concurrent des restaurants, pense Laga : « Nous ne proposons pas la même expérience client, nous pouvons parfaitement coexister. Je pense que nous prenons du chiffre d’affaires des supermarchés, car les gens se rendent compte qu’il existe d’autres possibilités de se nourrir. »