Il y a deux semaines le Conseil des ministres approuvait une proposition de scénario d’extinction progressive des petites pièces de un et deux centimes d’euro, autorisant les commerçants à arrondir le montant total du ticket de caisse aux 5 centimes les plus proches.
Comeos
Toutefois cette mesure, qui sera d’application à partir du mois de juin, concerne uniquement les paiements en espèces et non pas les paiements électroniques. Une restriction que n’admet pas Comeos : « Si les supermarchés décidaient d’appliquer la mesure proposée, car il ne s’agit pas d’une obligation, ils risqueraient d’y laisser 1,5 million d’euros chaque année », affirme Dominique Michel de la fédération du commerce.
A cet titre Comeos donne un exemple concret : un client avec un ticket de caisse de 100,02 euros optera pour un paiement en espèces et épargnera donc deux centimes grâce à l’arrondissement. Par contre pour un ticket de caisse de 99,98 euros il choisira le paiement électronique, le montant ne pouvant être arrondi dans ce cas.
« Grâce à l’arrondi symétrique, il devait s’agir d’une opération nulle pour le consommateur et le commerçant », indique Dominique Michel. « Ce n’est plus le cas à présent : si tous les clients optent pour le mode de paiement qui leur est le plus favorable, les commerçants seront toujours perdants. Deux centimes, cela peut sembler dérisoire – mais multipliés par les millions de transactions effectuées chaque année, cela peut vite faire une jolie somme. »
Par ailleurs Comeos craint que l’adaptation des systèmes de caisses n’entraîne d’énormes coûts, « un investissement qui ne rapporterait rien aux commerçants et donnerait lieu à un véritable chaos à la caisse. Le commerçant devrait d’abord annoncer au client un montant provisoire, puis le client devrait décider comment il souhaite payer, après quoi le montant total définitif pourrait enfin être facturé. Sans compter que si le client s’aperçoit qu’il n’a finalement pas suffisamment d’argent sur lui pour payer en espèces, il faudra repartir de zéro. »
Syndicat Neutre pour Indépendants
Le Syndicat Neutre pour Indépendants (SNI) craint lui aussi que cette mesure n’incite le consommateur à opter pour le mode de paiement qui sera pour lui le plus avantageux financièrement. « Pour éviter tout malentendu, nous conseillons donc à tous nos affiliés de demander d’abord le moyen de paiement choisi par le client avant de lui donner le montant total », – reste à voir si ce système est réalisable d’un point de vue pratique.
« Cela dit, dès que la nouvelle équipe gouvernementale sera en place, nous ferons du lobbying afin de faire appliquer les règles d’arrondissement tant pour les paiements en liquide que pour les paiements électroniques », souligne Christine Mattheeuws, présidente du SNI, « car il arrive encore trop souvent que les consommateurs pensent, par erreur, que les règles d’arrondissement sont toujours en leur défaveur. De ce fait, les commerces qui n’offrent pas la possibilité de payer en liquide, risquent d’être évités. »
Test-Achats
Le porte-parole de Test-Achats Jan Moers ne partage pas cet avis : « L’évaluation des supermarchés nous semble fortement exagérée. Aujourd’hui la plupart des gens paient par carte bancaire, vu la hauteur du montant et parce que c’est plus rapide », indique-t-il dans le journal Het Nieuwsblad.
En outre Test-Achats s’oppose radicalement à la proposition du SNI : « Obliger le consommateur à signaler au préalable comment il souhaite payer avant de lui communiquer le montant, est tout simplement scandaleux. Dès lors comment être sûr que la note est correcte ? Nous nous interrogeons même sur la légalité d’un tel système. » Bref, des opinions très divergentes dans un débat où le dernier mot n’a certainement pas encore été dit …
Traduction : Marie-Noëlle Masure