La hausse des prix a fait chuter la confiance des consommateurs. Les retailers constatent déjà de profonds changements dans leur comportement : reports d’achats importants, attention accrue pour les promotions et descente en gamme… Un petit tour d’horizon.
Inflation record
L’inflation a atteint des niveaux records dans toute l’Europe : en mars, elle a atteint 7,5% en moyenne dans la zone euro, avec toutefois d’importants écarts entre les pays, écrit De Standaard. Selon Eurostat, le taux d’inflation se montait à 9,3% en Belgique le mois dernier, tandis qu’il atteignait 11,9% aux Pays-Bas. Des chiffres spectaculaires. En Europe de l’Est, la situation est encore plus grave : la Lituanie a enregistré une hausse des prix de 15,6%. L’inflation est avant tout alimentée par les prix de l’énergie : en France où ils ont été gelés, elle est restée limitée à 5,1%.
Cette inflation sans précédent affecte évidemment la confiance des consommateurs. Et cela se fait sentir dans les magasins : les retailers remarquent déjà un changement de comportement. Des tendances qui devraient encore s’intensifier dans les semaines et les mois à venir. Voici les plus importants.
Le retour des marques de distributeur
La ruée sur la farine et les mélanges pour pâtisserie de ces dernières semaines révélait déjà que les consommateurs étaient à nouveau plus nombreux à faire leur propre pain au lieu d’aller à la boulangerie. Deux facteurs expliquent ce phénomène : la hausse attendue du prix du pain et la crainte de pénurie, la Russie et l’Ukraine étant de grands producteurs de céréales.
Les marques de distributeur sont également très prisées en tant qu’alternative moins chère aux marques A. Chez Delhaize, la part des marques maison dans les caddies a bondi de 50% à 55-60%, a déclaré son porte-parole Roel Dekelver à De Tijd. Et selon une enquête menée la semaine dernière par le bureau de recherche iVOX à la demande d’Aldi Belgique, sept Belges sur dix optent désormais plus souvent pour les marques de distributeur au supermarché. Les marques de distributeurs sont d’ailleurs plus populaires en Flandre (75%) que dans le sud du pays (69%).
Promotions
Comparer les prix est devenu une routine quotidienne pour plus de quatre Belges sur cinq, selon la même enquête. Les consommateurs sont clairement à la recherche de promotions intéressantes. Chez Delhaize, par exemple, les promotions « 1+1 gratuit » ou « 2+1 gratuit » font désormais dix pour cent de mieux que la normale. En particulier pour les produits à longue durée de vie comme la confiture ou les tablettes pour lave-vaisselle.
En outre, il semblerait que les consommateurs achètent moins : le montant total du ticket de caisse est en baisse. « Nos clients limitent leurs achats aux produits essentiels », explique Aurélie Gerth (Carrefour). Ils préfèrent reporter les achats non essentiels et surtout les gros achats.
La mode n’est plus à la mode ?
C’est – à nouveau – une mauvaise nouvelle pour l’industrie de la mode : si on ne peut se passer de manger, c’est beaucoup moins le cas d’une nouvelle robe. Après l’impact de la pandémie et des confinements, les boutiques de mode risquent à nouveau de devoir payer le prix fort.
Le premier signal inquiétant est venu avec les résultats trimestriels de H&M hier : le retailer a enregistré un ralentissement significatif de ses ventes en mars. Ces chiffres décevants s’expliquent en partie par les fermetures de magasins en Russie et en Ukraine, mais les analystes boursiers évoquent déjà le « canari dans la mine » et craignent pour l’ensemble du secteur.
Bonnes nouvelles pour les discounters
Logiquement, les consommateurs privilégient désormais les enseignes réputées pour leurs prix bas. Quand le pouvoir d’achat est sous pression, les discounters sont en position de force, confirme un récent rapport de McKinsey et EuroCommerce. Aldi et Lidl indiquent à De Tijd qu’ils ont enregistré une augmentation de la fréquentation de leurs magasins ces derniers mois – sans donner plus de détails. Colruyt semble également confiant : les dépenses restent stables. « Tant les marques de distributeurs et les marques A sont moins chères chez nous. Par conséquent, les clients ne doivent pas modifier leur comportement », affirme le retailer.
Selon un rapport de De Telegraaf, le stress lié aux prix pousse également les consommateurs à revenir sur les marchés. En février, les exploitants d’échoppes de marché ont vu leurs ventes augmenter de 11% aux Pays-Bas. Les consommateurs supposent qu’on peut y faire de bonnes affaires. Les produits frais comme les fruits et légumes y sont souvent moins chers qu’au supermarché. Pour la même raison, les magasins et supérettes allochtones pourraient également bénéficier de cette crise, bien qu’aucun chiffre ne soit disponible.