En voie d’extinction : le poisson d’avril, victime de la guerre et de l’inflation. Filet Pur, en revanche, a découvert le Comical Ali de la vente au détail. Et prédit l’avenir du shopping sans magasin. À lire absolument !
Mauvaises blagues
Ce n’est pas toutes les semaines que Filet Pur est publié le 1er avril… lecteur non averti ou chroniqueur expérimenté, soyez sur vos gardes. Malheureusement, il n’y a pas vraiment eu de quoi rire cette semaine. Et si même Coolblue passe à côté des poissons d’avril, il faut se rendre à l’évidence : en temps de guerre, d’inflation et de pénurie, il n’y a pas beaucoup de places pour les plaisanteries insipides.
Certes, Delhaize a intelligemment mis un poisson en promotion exclusivement aujourd’hui, une offre flash sur le saumon norvégien, mais ce n’était pas une blague, juste un clin d’œil pour attirer l’attention. Autre clin d’œil : le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux souligne aujourd’hui que les vins blancs de Bordeaux se marient à merveille avec le poisson. C’est noté ! Carrefour propose désormais aussi des voyages dans l’espace sur lesquels vous pouvez obtenir une réduction de 5 % aujourd’hui. Profitez-en ! Le supermarché en ligne sans emballages Pieter Pot et Condomerie lancent des préservatifs réutilisables avec des consignes. Durables et sans emballage. Bon, d’accord.
Au pied du mur
Cette semaine, Fevia et Unizo étaient particulièrement au diapason. Usines alimentaires et indépendants : même combat. Un combat contre les grandes chaînes de supermarchés, qui refusent d’accepter les hausses de prix indispensables et poussent ainsi de nombreux fournisseurs au bord de la faillite, plus exactement. Les producteurs profèrent des menaces : ils se verront contraints d’arrêter partiellement la production si le prix n’augmente pas. Ce n’est pas la première fois qu’ils essaient de mettre les acheteurs au pied du mur.
Du côté des PME, c’est la panique : « Il faut s’attendre à des drames. » Je ne vais pas en rire, c’est tout simplement vrai. Mais l’organisation des indépendants se retrouve probablement dans un exercice d’équilibriste : après tout, elle compte également parmi ses membres de nombreux entrepreneurs de supermarchés, qui d’une part doivent honorer des factures d’énergie exorbitantes et qui, d’autre part, comptent sur leur bureau central pour tempérer les prix de vente afin que les consommateurs ne fassent pas faillite ou ne fuient pas chez Aldi . Pas évident.
Comical Ali
Comeos a toutefois jugé bon de le souligner une nouvelle fois dans un communiqué de presse : « Il n’y a pas de pénurie dans les rayons des magasins. » Noir sur blanc. C’est apparemment ce qui ressort d’une enquête. Aller jeter un œil eux-mêmes dans les magasins, ils n’y avaient manifestement pas pensé. L’espace d’un instant, Dominique Michel nous a rappelé Comical Ali… Vous savez, le ministre irakien de l’information qui a nié l’existence des missiles américains qui ont explosé dans son dos. Il y a en revanche un problème logistique, nuance le message quelques lignes plus loin. C’était le cas, n’est-ce pas ?
Enfin, une « taskforce » est donc mise sur pied. La consonante est plus urgente que « groupe de travail », j’imagine. Malheureusement, cette concertation ne peut rien contre le problème des prix. Ni des pénuries. Tout au plus, les responsables politiques peuvent demander à l’Inspection économique de ne pas être trop sévère si l’huile de tournesol indiquée sur l’étiquette ne se trouve pas dans le produit pour des raisons évidentes. « Mettre en place une taskforce, n’est-ce pas la même chose que de retarder la décision de ne rien faire ? » a suggéré un collègue, fan de cette vieille et délicieuse sitcom de la BBC, Yes Minister. En effet.
En retard
Colruyt a décidé de ne pas changer sa politique de commerce électronique pour le moment. Enfin, pas vraiment. Ce point de retrait Collect&Go pour les cyclistes et les piétons au cœur d’Ixelles est une sympathique option supplémentaire pour les citadins sans voiture dans un quartier où l’on ne trouve jamais de place de stationnement, cela ne fait aucun doute. Mais cette innovation n’arrive-t-elle pas un peu trop tard ?
Il suffit de voir le succès retentissant du tout premier drive piéton qui a ouvert à Bruxelles, en 2019 : à moins que cela m’ait échappé, Carrefour n’a pas annoncé de programme de déploiement massif jusqu’à présent. Les magasins de proximité Delhaize Fresh Atelier, en partie destinés à servir de points de retrait urbains, ont également été discrètement abandonnés. Et en France, où ils ont pratiquement inventé les points de retrait à l’extérieur et à l’intérieur de la ville, la livraison a dépassé les Drives l’année dernière. En bref, je le répète pour ceux qui n’avaient pas encore saisi : le chemin vers la domination du commerce en ligne est d’une simplicité trompeuse. Soit vous livrez les achats jusqu’à la porte du consommateur, soit vous vous perdez.
Encerclée
Être sur la retenue n’est en aucun cas une option. Certains concollègues ont déjà fait leur choix depuis longtemps. Notamment Picnic : tant sur le front nord que sur le front sud, le supermarché en ligne avance, pour encercler la Belgique sans franchir aucune frontière. Combien de temps ces provocations vont-elles durer, monsieur Muller ?
Si les consommateurs ne se font pas livrer leurs courses à domicile, ils se feront livrer un repas par l’un des 19 000 coursiers à vélo qui travaillent pour les grandes plateformes de livraison en l’absence de tout cadre juridique notable. Dans l’économie partagée, les bénéfices ne sont pas vraiment partagés équitablement… Mais pour beaucoup, les conditions semblent suffisamment attrayantes pour choisir le semblant d’indépendance. L’annonce selon laquelle Deliveroo livrera dorénavant des livres était tout sauf un poisson d’avril.
Armoires intelligentes
La livraison, c’est pour les villes : pour les hameaux oubliés, il y a les magasins de conteneurs sans personnel. Tirez votre plan, campagnards ! Mais l’avenir des courses est à l’automatisation. Pourquoi retourner au magasin pour racheter le même paquet de détergent, de papier toilette, de café ou de céréales ? La valeur ajoutée est nulle. Le garde-manger et le réfrigérateur deviennent intelligents et passent eux-mêmes les commandes. Auprès de qui ? Ce sera le grand combat des prochaines décennies. Et par conséquent, l’apparence du supermarché va également radicalement changer. Mais vous le saviez déjà, n’est-ce pas? Ou pas ?
Bon, ici le réfrigérateur ne se remplit pas encore tout seul… Je me demande s’il y a du progrès dans l’approvisionnement des rayons vides au magasin du coin. Je vous dirai. Mais seulement après les vacances de Pâques. Rendez-vous dans trois semaines !
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