Les perspectives sont sombres pour le foodretail européen : la hausse des coûts, l’évolution du comportement des consommateurs et la concurrence croissante, y compris en ligne, pèsent sur les marges. Sans compter la guerre pour le talent… Quelles sont les solutions ?
Chiffre d’affaires en baisse
Les chaînes de supermarchés prévoyaient une dégradation des perspectives en 2022 avant même l’invasion de l’Ukraine par la Russie : les ventes allaient continuer à baisser avec la disparition de la pandémie et la réouverture des l’horeca. La pression sur les prix augmente, la concurrence est de plus en plus féroce et les formules en ligne arrivent à maturité. Sans compter l’inflation, la hausse des charges salariales, les problèmes d’approvisionnement et les pénuries de main-d’œuvre. C’est ce qu’on appelle une tempête parfaite.
La guerre en Ukraine ne fera qu’exacerber ces difficultés et augmentera probablement la sensibilité au prix des consommateurs, selon un nouveau rapport de McKinsey et EuroCommerce basé sur des entretiens avec 60 CEO du foodretail et une enquête auprès de plus de 12 000 consommateurs de neuf pays. Les chercheurs voient cinq grandes tendances émerger. Mais toute médaille a aussi son revers : les menaces comprennent aussi des opportunités.
1. L’inflation pèse sur les marges
Les détaillants s’attendent à ce que l’inflation pèse sur les marges. Alors que les coûts augmentent, le pouvoir d’achat des consommateurs est également sous pression, ce qui empêche les supermarchés d’augmenter significativement les prix. Les ménages recherchent des alternatives moins chères (marques de distributeurs) et des promotions. Les discounters sont les mieux placés pour répondre à cette demande.
2. Polarisation
Mais le prix n’est pas tout : dans le même temps, les enseignes observent une nette polarisation de la demande. Les consommateurs aux revenus plus élevés continuent d’acheter des produits sains, durables et de qualité supérieure. Les ménages à plus faibles revenus réduisent leurs achats ou se rabattent sur des produits moins chers. Un clivage qui ne sera pas aisé à gérer.
3. En ligne, la croissance ralentit
La croissance des ventes en ligne pourrait s’accorder une année sabbatique, indique l’étude. Sur les marchés où l’offre est moins développée, les consommateurs réduiraient même leurs dépenses. Sur les marchés plus matures, la croissance des achats en ligne se poursuivra, mais à un rythme plus lent. Les achats en ligne pourraient néanmoins atteindre une part de 20% d’ici à 2030, même si l’on observe des écarts importants entre les pays. La différentiation de l’offre en ligne en fonction de groupes cibles spécifiques va se poursuivre : pensez aux livreurs express, aux boutiques bio… Les consommateurs répartiront leurs achats en ligne sur un plus grand nombre d’acteurs.
4. À la recherche de nouveaux revenus
Les retailers dont l’activité principale est sous pression doivent chercher de nouvelles sources de revenus. L’analyse avancée et l’intelligence artificielle leur permettent de prendre de meilleures décisions concernant leur assortiment de produits, les prix et les promotions. Ils pourront ainsi augmenter le chiffre d’affaires et gagner en rentabilité. Ils exploiteront également de nouvelles sources de revenus : solutions de santé ou vente d’espaces publicitaires basés sur les données des cartes de fidélité.
5. Le goulot d’étranglement du talent
Pour 39% des CEO, le recrutement de talents est l’un de leurs plus grands défis. Dans le paysage hautement concurrentiel qui se profile, il ne sera possible de gagner qu’avec les meilleurs. Nouvelles compétences et nouveaux profils sont très demandés – pensez à la numérisation et à la transition durable. Cela nécessite une politique du personnel adaptée, axée sur la rétention et la formation.