Les produits alimentaires passent de trop bon marché à à peine abordables en un temps record. Les débats sont rouverts, mais les détaillants alimentaires se préparent. Pendant ce temps, les Hollandais continuent d’ouvrir des magasins. Où cela s’arrêtera-t-il ? Filet Pur mène l’enquête !
Pas des psychologues
Donc, les supermarchés qui ne peuvent plus réapprovisionner leurs rayons et demandent explicitement à leurs clients de ne pas faire de réserves sont ensuite surpris lorsque ces mêmes clients commencent à faire des réserves. Ce sont pourtant des gestionnaires qualifiés et expérimentés à Halle et Merelbeke, sans oublier Erpe-Mere et Evere. Mais manifestement, ce ne sont pas des psychologues. Seuls Delhaize et Albert Heijn ont gardé leur sang-froid. Certes, leurs rayons n’en sont pas moins vides.
Et quand les rayons sont vides, la réponse est un comportement de thésaurisation en ligne. Vous n’y trouverez pas d’huile de tournesol, mais les chasseurs de bonnes affaires qui souhaitent obtenir 84 rouleaux de papier toilette, 100 capsules de café ou 600 pastilles pour lave-vaisselle à un prix défiant toute concurrence peuvent se rendre sur Deals!, la plateforme de bonnes affaires de Collect&Go qui proposera désormais également plus de produits alimentaires. Bon anniversaire ! Très exceptionnellement, Jef a autorisé la livraison à domicile de ces achats en gros… À condition que les clients soient prêts à patienter pendant une quinzaine de jours. Cependant, la phrase la plus intrigante de la FAQ est : « Le concept de Deals! est actuellement en phase de test. » Après un an. En voilà un test approfondi.
La confiance s’effrite
Les gens sont incroyables, disait le célèbre Gerard Walschap. Cet écrivain a beau être totalement démodé, il avait raison. Imaginez donc ma surprise l’autre jour lorsque ma compagne est rentrée fièrement à la maison avec trois bouteilles d’huile de friture qu’elle avait réussi à dénicher. Oui, trois. Nous faisons des frites une fois par mois tout au plus. Nous avons donc des réserves pour les deux prochaines années, plus ou moins. On ne sait jamais combien de temps cette guerre va durer. Parallèlement, la confiance des consommateurs est en chute libre : ça promet.
En revanche, les théories du complot vont bon train. Le blé a été récolté depuis longtemps, là-bas en Ukraine, non ? Et, ces graines de tournesol, n’ont-elles pas été pressées et broyées il y a longtemps ? Alors comment se fait-il qu’il y ait une pénurie et que les prix s’envolent ? Posez la question à Vandemoortele, par exemple, qui est en difficulté parce que la marque fait du pain et vend de l’huile. Sa mayonnaise est faite avec de l’huile de colza, j’ai vérifié. Pourtant, elle devient aussi plus chère. Pour l’instant, ils parviennent à répercuter ces augmentations.
Poussée croissance intelligente
Je suis curieux de connaître la réaction des acheteurs chez Albert Heijn, où le pain ne coûte que 99 centimes et où la mayonnaise (plus précisément celle en format 400 ml) est exposée en rayon à un prix particulièrement compétitif de 1,99 euro. Parce que si le dernier mot revient au PDG, Raf Van den Heuvel, les key account managers de Gand devront trouver des arguments solides pour faire monter le prix. « Nous n’acceptons pas toutes les propositions, mais nous ne sommes pas déraisonnables », tel était en résumé son message. Albert Heijn fait un petit geste pour les pauvres producteurs d’œufs, mais pas pour les riches multinationales. C’est clair. Chez Kellogg et d’autres, en revanche, on estime qu’il est « évident » que les débats doivent être rouverts. Ça devient intéressant.
C’est d’ailleurs avec un PDG de bonne humeur que nous nous sommes entretenus : il a enfin un Albert Heijn tout aussi sympathique à côté de chez lui (il était temps), et toute une série d’ouvertures suivra dans les semaines à venir. Une poussée de croissance intelligente, avec en prime un nouveau service de livraison pour les entreprises… Bien joué. Après tout, vous et moi ne savons que trop bien quels concurrents comptent de nombreux entrepreneurs parmi leurs clients, mais refusent obstinément de leur livrer leurs commandes. N’est-ce pas ?
Avec l’argent de nos impôts
Est-ce une coïncidence si le grand rival Jumbo a également célébré mercredi dernier la première ouverture d’un magasin belge cette année ? Il n’y a jamais de coïncidence. Le Danger Jaune est parti pour ouvrir dix à quinze nouveaux magasins cette année, du moins si ses voisins et rivaux ne lui mettent pas trop de bâtons dans les roues. Le magasin d’Ostende est le plus grand à ce jour, et il va mettre hors d’état de nuire tous les concurrents, car la Torhoutsesteenweg est désormais un paradis pour les commerçants (et un aimant à trafic).
Seul Delhaize reste sagement à l’écart : l’enseigne au lion vient fièrement de rouvrir son supermarché entièrement rénové en plein cœur de la ville balnéaire par excellence. Il faut dire qu’elle n’a pas lésiné sur la dépense : 2,7 millions, plus exactement. Et paf ! Aidez les riches, ils n’ont pas la vie facile, chantait un barde flamand il y a 24 ans. Et à raison. Il faut bien le dire : Ahold Delhaize, qui est actuellement le groupe de supermarchés le plus rentable de l’hémisphère occidental, aurait bien aimé percevoir une partie de l’argent de nos impôts pour pimenter ses statistiques comptables. Le groupe a été par deux fois débouté. Vous imaginez… Des juges extraterrestres, sans aucun doute.
Miettes
Enfin, un message rassurant nous est parvenu de l’université de Wageningen. La guerre ? Les pénuries ? La crise alimentaire ? Ne vous inquiétez pas : il y en a assez pour tout le monde, affirment les économistes agricoles dans une analyse de 26 pages. Ouf ! Peut-on dormir sur nos deux oreilles ? Pas vraiment, car ce n’est pas tout : il y a assez de nourriture, certes, mais il y a aussi de plus en plus de gens qui n’ont plus les moyens de la payer. Si les rayons ne sont pas vides, leurs estomacs le sont. Et malheureusement, ça ne devrait pas s’améliorer. La nourriture a été trop bon marché pendant longtemps, et le soufflé pourrait bientôt brutalement retomber.
Selon une citation qui revient sur les réseaux sociaux, il y a bien une solution : « Si on secoue tous les claviers du monde, les miettes récoltées permettraient de mettre fin à la faim dans le monde. » Bien essayé. Malheureusement, les solutions sont la principale cause des problèmes, c’est bien connu. Je me demande s’il y a encore quelque chose au supermarché du coin. J’espère qu’il reste du vin blanc : nous aurions bien besoin d’un apéritif après cette semaine. Pas vous ? À la semaine prochaine !
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