De la Facebook Marketplace à Instagram, les plateformes Meta regorgent de contrefaçons. Les premières victimes en sont les maisons de luxe, en particulier Louis Vuitton.
Chine
La contrefaçon sur les médias sociaux est une menace mondiale, affirme Ghost Data dans une nouvelle étude. Comme Interpol et l’Union européenne l’avaient déjà constaté, les ventes de contrefaçons en ligne ont encore augmenté depuis la pandémie. Meta, la société mère de Facebook, attire ainsi une foule de « faussaires impitoyables » depuis que la plateforme s’oriente de plus en plus sur le commerce électronique sans parvenir à contrôler le trafic de contrefaçons, poursuit le cabinet d’études.
En vingt jours, en octobre 2021, Ghost Data a repéré 26 770 comptes de vendeurs de produits contrefaits sur le seul réseau Facebook. Ils sont principalement basés en Chine (en hausse de 43% en 2019 à 65% maintenant), mais aussi, dans une moindre mesure, en Russie (14%) et en Turquie (7,5%). Les 6 000 à 7 000 grossistes chinois actifs sur Facebook et Instagram qui distribuent des produits contrefaits via d’innombrables comptes généreraient ainsi un chiffre d’affaires annuel compris entre 1,6 et 1,9 milliard d’euros.
Louis Vuitton
Qui achète auprès d’eux ? Et quels sont les produits les plus contrefaits ? Leur audience réelle est difficile à estimer, mais Ghost Data estime que les 26 770 comptes recensés comptent au moins 20 millions de clients. Et ce nombre ne couvre que les « amis » des faussaires sur Facebook, ce qui implique qu’elles les suivent explicitement. Il ne fait aucun doute que le nombre réel d’acheteurs sur Marketplace et d’autres plateformes est beaucoup plus élevé.
Les produits proposés sont principalement des articles de mode et des accessoires des grandes maisons de luxe. Près de 68% des contrefaçons repérées ont ainsi un lien avec le groupe LVMH. Dans six cas sur dix, ce sont des articles Louis Vuitton contrefaits. Les autres marques de luxe suivent à bonne distance : moins d’un produit contrefait sur dix (8,5%) est une imitation de Chanel, 6,7% d’un article Fendi. Gucci et Prada représenteraient chacun environ 3% de ce marché.
Problème insoluble
Pourtant, le problème n’est pas nouveau : Ghost Data avait déjà dénoncé des annonces Facebook pour des produits de contrefaçon en 2014. En 2020, en pleine crise sanitaire, des chercheurs avaient découvert une énorme arnaque avec plus de 10 000 comptes qui proposaient des masques buccaux contrefaits sur Instagram. Et au début de cette année, une autre enquête avait permis de découvrir une série de grossistes qui vendaient ouvertement de « faux » produits Apple sur le réseau social.
Meta répond que la fraude et la contrefaçon sont inhérentes aux nouvelles technologies, mais que l’entreprise s’améliore chaque jour dans la lutte qu’elle leur mène. Mais selon Ghost Data, le groupe de Mark Zuckerberg n’en fait pas assez et manque de fermeté. À la décharge de Meta, les faussaires découvrent constamment de nouveaux moyens de rester sous le radar, ce qui complique la riposte des propriétaires légitimes des marques.