Le combattant des prix sibérien Mere met ses projets d’expansion en Europe en attente. L’invasion russe de l’Ukraine a rendu le climat défavorable au nouvel arrivant, qui peine en plus à trouver des fournisseurs.
Rayons vides
Au printemps 2021, Mere, un hard discounter russe opérant sous le nom de Svetofor dans son pays d’origine, a annoncé de grands projets de conquête de l’Europe : la chaîne entendait ouvrir des centaines de magasins, qui se distingueraient par des prix ultra-bas. La société avait repéré différents sites en Belgique, au Royaume-Uni, en Espagne et en France. Seule une poignée des magasins annoncés ont effectivement ouvert leurs portes.
Aujourd’hui, c’est vraisemblablement la fin du parcours : Mere va fermer son unique magasin au Royaume-Uni, à Preston, d’ici à deux semaines. Les autres ouvertures prévues sont reportées. C’est ce qu’a indiqué le détaillant à ses fournisseurs et employés, rapporte The Guardian. Mere pointe du doigt la « situation politique » après l’invasion russe en Ukraine, rendant la continuité des activités difficile au Royaume-Uni.
Au départ, l’entreprise comptait pourtant y ouvrir jusqu’à 300 magasins. Mais les débuts ont été particulièrement difficiles : bien avant la crise ukrainienne, le hard discounter avait les plus grandes difficultés à trouver des fournisseurs. La chaîne n’achète des produits que si elle peut les vendre 20 à 30 % moins cher qu’Aldi et Lidl. En outre, les fabricants doivent livrer eux-mêmes les produits aux magasins et ne sont payés que pour ce qui est vendu. Et ils doivent revenir chercher les stocks invendus. Résultat des courses : les rayons sont vides. Il n’y a d’ailleurs pas d’amélioration en vue, puisque de nombreux fournisseurs veulent éviter de faire affaire avec des sociétés russes.
Pas de permis
Le Royaume-Uni n’est pas un cas isolé. En Espagne aussi, le discounter jette l’éponge : les huit magasins vont fermer, moins d’un an après leur ouverture. En France, Mere était sur le point d’ouvrir son premier magasin à Thionville, au nord de Metz. C’était sans compter sur le maire, qui refuse de lui accorder un permis. « Nous nous mobilisons pour aider les réfugiés ukrainiens : il est donc incohérent d’avoir en même temps un opérateur économique russe chez nous », a-t-il déclaré.
En Belgique, les ambitions de Mere semblent également être modérées. L’ancien directeur Jean-Claude De Gheest n’a plus été impliqué dans les plans depuis septembre, a-t-il déclaré jeudi dans Het Nieuwsblad. « Le magasin d’Opwijk était installé, mais il n’y avait pas de produits. » Ici aussi, le détaillant n’a pas pu trouver de fournisseurs offrant des prix très bas. De plus, dans le contexte de la guerre en Ukraine, il semble peu probable qu’un discounter russe soit très bien accueilli par les consommateurs.
En Allemagne, Mere compte encore six magasins : nous ignorons pour l’instant ce qu’il adviendra d’eux.