Des actualités brûlantes dans la distribution alimentaire ? Que nenni : rien que des rumeurs, des insinuations crasses et des spéculations vides de sens cette semaine. Rien que des potins. Complètement faux, et même pas bien fondés. Dites que c’est Filet Pur qui l’a dit.
Prises de bec en public
Que de mensonges la semaine dernière. Vous n’imaginez pas les inepties que les médias osent publier sans effectuer une simple vérification des faits. RetailDetail est intervenu, vous pensez bien. Attention, l’info selon laquelle Albert Heijn a franchi la barre symbolique du milliard d’euros de chiffre d’affaires en Belgique l’année dernière est absolument véridique, au centime près. C’est même Marit van Egmond qui l’a dit, et elle est bien placée pour le savoir.
Mais la déclaration du détaillant alimentaire sur le conflit avec les fournisseurs Nestlé et Mora est, quant à elle, une invention pure et simple. Le fabriquant de KitKat et de Nescafé n’aurait vraisemblablement pas l’intention d’augmenter à l’aveugle les prix de 20 %. Du moins selon le fabricant, qui a même publié un communiqué de presse à ce sujet, par pure frustration. Bonne ambiance…
Les menaces qui pleuvent entre les fabricants de marques et les détaillants autour de la table des négociations et l’interruption des commandes ou des livraisons comme ultime moyen de pression font partie des belles traditions du secteur. Mais de telles prises de bec en public, c’est assez exceptionnel. Un spectacle palpitant, cependant. Déconcertant, aussi.
Mensonges
Et Delhaize qui affirme être le premier détaillant alimentaire belge à numériser le ticket de caisse, ce n’était pas non plus un mensonge ? Nous avons dû vérifier : tout est une question de définition. Car cela fait belle lurette que les consommateurs qui se rendent régulièrement chez Ikea, ZEB, A.S. Adventure ou dans un point de collecte Collect&Go n’ont plus de ticket papier en main. Mais bon, ce ne sont pas des supermarchés, n’est-ce pas ? Ok, dans ce cas. Bon, ce sont bien sûr ces 3 864 arbres qui sont en jeu. Plus que ces bêtes carnets de bons de réductions en papier avec les points SuperPlus. On va y arriver.
Parallèlement, les insinuations parues dans De Tijd n’ont pas du tout plu à Delhaize. Le journal, habituellement sérieux, a pris un raccourci : le départ du directeur opérationnel et de la moitié de l’équipe de gestion logistique n’a rien à voir avec le fait que les opérations et la logistique ont été plutôt bancales ces derniers temps, souligne le détaillant. Fake news ! C’est noté. Chez vous aussi ?
Un puits sans fond
Metro et Makro sont encore plus en colère à cause d’autres insinuations parues dans le même journal économique couleur rose saumon. Si le groupe alimentaire allemand souhaite vendre ses activités belges ? Ce ne sont que des rumeurs et des spéculations, répond le directeur local, Vincent Nolf. Et en effet, il faut bien le dire : comment diable vendre un puits de misère sans fond ? Il faudra encore injecter une somme substantielle, j’en ai bien peur.
Qui donnerait encore un centime pour la survie de la formule cash & carry ? Il y a maintenant presque six ans, j’avais fait part d’une opinion assez tranchée sur le sujet, qui avait suscité une vague de désapprobation à Wommelgem à l’époque. C’est compréhensible. Mais, honnêtement : dans le fond, relativement peu de choses ont changé depuis, non ? Ils ne font que prolonger l’agonie du patient en soins palliatifs. Selon les syndicats, même le personnel a désormais jeté l’éponge. Bref…
Grands groupes
Toutefois, la possibilité que nul autre que Jumbo puisse être intéressé par ces locaux, en supposant qu’ils soient effectivement mis sur le marché, ce qui, soyons clairs, est loin d’être une certitude, semble plutôt tirée par les cheveux. Un site Makro peut accueillir jusqu’à cinq magasins Jumbo Foodmarkt en enfilade. Ou comptent-ils en faire un mini centre commercial, avec Hema et La Place ? Même dans ce cas, il restera encore de la place.
Tout raser pour reconstruire un beau parc retail, voilà qui devrait bien tenter un promoteur immobilier, non ? Ou est-ce que de grands groupes étrangers pourraient être intéressés ? Hornbach ? Costco ? On ne sait jamais. Cela pourrait être un développement intéressant. Pour les journalistes retail, du moins. Mais bon, voilà que nous vendons la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Ce n’est pas bien. Mes excuses !
Vive la contrefaçon
Le produit est étonnamment et complètement faux, et pourtant Nestlé est fier comme un paon : j’ai été invité dans la salle de réunion du siège de la multinationale, par ailleurs presque vide, pour vérifier par moi-même que le Vuna de Garden Gourmet est vraiment impossible à distinguer du vrai thon en voie de disparition. La contrefaçon comme argument de vente unique. Un bel exemple de la technologie alimentaire de demain, il faut bien le dire.
Voilà toutefois la preuve que le secteur alimentaire a encore un avenir devant lui. Un point sur lequel leurs collègues d’Unilever semblent avoir de sérieux doutes. Ils pensent pouvoir sauver leurs mauvais résultats en vendant leurs marques alimentaires et en investissant tout leur argent dans les produits de soins personnels. Mais l’offre spontanée pour Sensodyne & co a été rejetée. Un revers embarrassant pour le PDG, Alan Jope, que l’on surnomme désormais Alan Joke dans les couloirs.
Bavardage
Regardez, chez Nestlé, 3 000 scientifiques travaillent sur l’innovation, dont 300 purement sur l’alimentation végétale. Chez Unilever, ils ont acheté Le Boucher Végétarien, et ça s’est arrêté là. Les résultats et le cours des actions parlent d’eux-mêmes. Conseil, à prendre ou à laisser : Monsieur Jope devrait peut-être lire ce livre sur The Future of Food. Après tout, il est disponible dans une excellente traduction anglaise et il ne coûte pas grand chose, surtout en comparaison des presque 60 milliards d’euros qu’il s’apprêtait à jeter par les fenêtres. Et nous accordons des remises sur le volume pour les grosses commandes.
Enfin, énième détaillant à vouloir supprimer les files d’attente aux caisses : Aldi. Un autre bel exemple d’imitation : le magasin ouvert à Londres la semaine dernière imite la technologie « just walk out » d’Amazon. Bientôt aussi à Utrecht. Chez Carrefour, ils font le chemin inverse : de plus en plus de magasins français disposent d’une Blablabla caisse. Sans blague. Et là, ils peuvent bavarder, qu’est-ce que vous pensiez ?
Marre du coronavirus
Encore du plagiat, bien sûr : une copie éhontée des fameuses caisses bavardes de Jumbo. Nos traducteurs ont d’ailleurs dû se creuser les méninges pour trouver une traduction convenable en français… C’est chose faite ! Chapeau aux copywriters de Massy !
Et, pour finir, mention aux bouchers de l’AD Delhaize de Heist : ils en ont tellement marre de ce virus qu’ils appellent désormais leur cordon bleu « corona beu » (« marre du coronavirus »). C’est un succès sur les réseaux sociaux, donc félicitations. Courage, les amis ! Encore quelques semaines, semble-t-il. On voit le bout. À la semaine prochaine !
Vous souhaitez recevoir chaque vendredi un résumé de l’actualité FMCG dans votre boîte mail ? Inscrivez-vous ici pour recevoir la newsletter gratuite de RetailDetail Food.