Si Metro veut réellement se débarrasser d’une filiale belge qui accumule les pertes – il n’y a pas encore de confirmation officielle à ce stade –, qui pourrait se porter candidats ? Si les magasins de gros pour l’horeca ont peut-être un avenir, la question se pose pour Makro. Une opportunité pour un grand groupe étranger ?
Intenable
Selon le CEO belge Vincent Nolf, les articles faisant état d’une vente imminente des magasins belges de Makro et de Metro ne sont pas fondés : il s’agit de « rumeurs et spéculations auxquelles nous ne pouvons pas réagir », a-t-il répondu. Une déclaration accueillie avec scepticisme par la plupart des observateurs du secteur. Bien que la société mère Metro n’ait (encore) rien confirmé, la banque d’affaires Rothschild fait souvent fuiter des informations sur les dossiers en cours.
En outre, il est évident pour tout le monde que le groupe ne peut pas éponger éternellement les pertes croissantes de sa filiale belge – qui se chiffrent désormais en centaines de millions d’euros. L’entreprise passe en revue toutes ses activités internationales et seuls les pays qui apportent une contribution positive aux résultats pourront rester dans le groupe. Bref : les perspectives ne sont pas favorables. Mais si l’entreprise est effectivement en vente, on peut se demander qui elle pourrait bien intéresser.
Un modèle d’affaires dépassé
Pour les onze grossistes pour l’horeca de Metro, la situation n’est pas dramatique. L’enseigne est le leader sur son marché en Belgique et ne se portait pas mal jusqu’à l’apparition de la pandémie. Alors que la situation sanitaire revient progressivement à la normale, l’horeca devrait se redresser. Et le secteur recèle encore de nombreuses possibilités de consolidation et de professionnalisation. Sligro est souvent cité comme repreneur potentiel : le groupe néerlandais est ambitieux et a déjà racheté ISPC et Java.
Le problème a pour nom Makro : six mégasupermarchés au modèle d’affaires complètement dépassé, des infrastructures obsolètes, une clientèle vieillissante et un personnel démotivé – écrasé par des années d’informations négatives et de restructurations infructueuses. Le repositionnement stratégique initié en 2016 n’a jamais donné les résultats escomptés. Pourra-t-on jamais vendre une telle entreprise, même en ajoutant une dot ? « Le personnel ne veut plus se battre pour survivre », peut-on lire dans Het Gazet van Antwerpen…
Jumbo, Hornbach, Costco ?
Selon le quotidien économique De Tijd, Jumbo pourrait être intéressé par Makro. On peut en douter : même pour sa formule Foodmarkt, Jumbo n’a pas besoin de superficies de 15 000 m². Ils pourraient certes envisager d’ajouter un Hema et un La Place, mais il y aurait encore trop d’espace. En outre, les sites ne sont pas particulièrement adaptés à un supermarché : il s’agit de grands emplacements de destination qui ne s’adressent pas aux passants ou aux résidents locaux.
Une vente de Makro pourrait en revanche être une opportunité pour des retailers big box étrangers. Après tout, les sites aussi vastes sont rares. Le géant allemand du bricolage Hornbach, par exemple, une véritable category killer, est déjà actif aux Pays-Bas, mais pas encore en Belgique. Comme Makro est aussi un acteur important du bricolage, les sites pourraient être adaptés.
Un autre nom qui revient est celui de Costco : le géant américain compte désormais deux magasins en France. Son modèle économique de type « warehouse-club » correspond au positionnement antérieur de Makro. Mais il est clair que Rothschild ne peut attendre un coup de téléphone des dizaines de candidats. La seule option restante pourrait alors consister à déposer le bilan et vendre l’immobilier…