« Les travailleurs plus âgés coûtent trop chers »
Dans cette interview Demaesschalck, directeur de la division RH du Groupe Colruyt, affirme que le système qui prévoit que les travailleurs ayant plus d’ancienneté gagnent toujours plus, n’est plus tenable. Chez Colruyt un employé ayant 20 ans d’ancienneté gagne jusqu’à 25% de plus qu’un employé qui débute.
« Rémunérer les travailleurs sur base de leur ancienneté n’est pas un bon système. Il n’est pas logique qu’un employé touche son salaire le plus élevé en fin de carrière. Son salaire devrait plafonner sur base de sa productivité et diminuer vers la fin. »
Même si Demaesschalck ne voit aucune objection à récompenser la fidélité à l’entreprise, il estime toutefois que « la forme et l’ampleur des primes liées à l’ancienneté ont des conséquences perverses. Les travailleurs plus âgés coûtent trop chers. C’est une situation néfaste tant au niveau social qu’ économique. »
Epargne-temps ou faire un pas en arrière
Dans sa vision à long terme le directeur RH souhaite récompenser la fidélité à l’entreprise plutôt via le salaire variable que via le salaire fixe et plaide également pour l’épargne- temps. Ce système permet à l’employé d’épargner ses heures supplémentaires et les jours de congé qu’il n’a pas pris pour sa fin de carrière : « L’épargne-temps offre aux employés plus âgés la possibilité de travailler à 4/5 sans perte de salaire. »
Demaesschalck est bien conscient que cela nécessite un changement de mentalité chez les employés : « Sur ce plan je constate un revirement dans notre entreprise. Certains collaborateurs ayant travaillé au plus haut niveau, contribuent différemment à l’entreprise durant les dernières années de leur carrière. » Ainsi quatre anciens directeurs de Colruyt, âgés de 55 à 62 ans, ont délibérément opté pour une fonction moins élevée, avec une réduction de salaire.
Les syndicats fermement opposés
Les syndicats pour leur part sont totalement opposés à l’idée de Demaesschalck. Selon la Confédération Nationale des Cadres (CNC), l’indexation des salaires « est un système tout à fait équitable qui permet d’éviter qu’un employé après plusieurs années ne travaille pour un salaire trop bas. »
Erwin De Deyn du syndicat BBTK estime lui aussi que le système actuel d’ancienneté doit être maintenu. « Prétendre que les systèmes barémiques sont pervers, est totalement aberrant. La plupart des systèmes barémiques ont une durée d’une vingtaine d’années avec une augmentation annuelle de 1% en moyenne, mais généralement la tension est plus grande les dix premières années que dans la deuxième partie. Il est donc totalement faux de croire que les employés plus âgés surtout sont avantagés en fin de carrière. »
Traduction : Marie-Noëlle Masure