Les marques locales d’Ahold Delhaize doivent se renforcer mutuellement au Benelux pour rentabiliser à terme la vente de produits alimentaires en ligne. Vous vous demandez peut-être à quoi va ressembler concrètement cette coopération ?
La vente en ligne de produits alimentaires n’est toujours pas rentable
Pour 2025, Ahold Delhaize veut non seulement doubler son chiffre d’affaires en ligne, mais aussi atteindre le seuil de rentabilité sur ces activités. La plateforme web bol.com est déjà rentable : le bénéfice brut d’exploitation sera compris entre 150 et 170 millions d’euros cette année, sur un chiffre d’affaires d’environ 5,5 milliards d’euros. Mais chez Delhaize et Albert Heijn, les ventes en ligne de produits alimentaires restent déficitaires. En effet, la livraison d’aliments (frais) est beaucoup plus complexe et donc plus coûteuse sur le plan logistique. De plus, les marges sont minimes sur le marché très concurrentiel de l’alimentation.
Économies d’échelle et automatisation doivent aider, mais le groupe pense également qu’une coopération plus étroite entre les deux enseignes de supermarchés et bol.com pourrait améliorer la rentabilité avec le temps. Même s’il existe des différences majeures entre l’alimentaire et le non-food, de plus grandes synergies sont encore possibles, a déclaré le directeur général pour l’Europe Wouter Kolk lundi lors de la journée (virtuelle) des investisseurs d’Ahold Delhaize.
Ventes croisées
À quoi pourrait ressembler concrètement cette coopération ? Wouter Kolk n’est pas entré dans les détails, mais pense surtout à des initiatives marketing comme un programme de fidélité partagé qui permettrait aux clients d’accumuler des points ou des récompenses sur les différentes marques. Il veut également investir davantage dans les ventes croisées : les clients qui commandent de la viande pour barbecue en ligne chez Delhaize, par exemple, verront ensuite s’afficher une offre pour un barbecue chez bol.com.
Il serait également possible d’intensifier la coopération dans la logistique. Aujourd’hui, les clients de bol.com peuvent déjà retirer leurs colis dans les magasins physiques de Delhaize et d’Albert Heijn. Wouter Kolk veut vérifier si les camionnettes utilisées par les deux chaînes de supermarchés pour livrer les courses peuvent également transporter les retours pour bol.com. Un projet pilote sera mis sur pied.
Équilibre
Certaines initiatives sont déjà en cours : depuis quelque temps, les clients de Delhaize peuvent par exemple échanger leurs points SuperPlus contre des bons d’achat sur bol.com. Aux Pays-Bas, Albert Heijn a récemment lancé l’abonnement omnicanal « Mijn Albert Heijn Premium », qui promet aux acheteurs des réductions non seulement dans les supermarchés, mais aussi sur d’autres marques du groupe, comme les magasins de spiritueux Gall & Gall ou l’abonnement Select de bol.com.
Il s’agira en tout cas d’un exercice d’équilibriste délicat, car les trois marques doivent également conserver leur individualité au sein d’un écosystème Ahold Delhaize. Souvent, elles sont d’ailleurs concurrentes au niveau local – c’est notamment le cas de Delhaize et d’Albert Heijn en Flandre. Mais l’Internet joue un rôle clé dans les ambitions de croissance du groupe de distribution : le chiffre d’affaires doit passer de 75 à 85 milliards d’euros d’ici 2025, et la moitié de ces 10 milliards d’euros doivent provenir de l’e-commerce. D’où le projet de mettre (une partie de) bol.com en Bourse : le groupe pourra ainsi lever des capitaux supplémentaires pour financer sa croissance. Certes, le climat boursier actuel n’est pas favorable aux acteurs de l’e-commerce, mais le sentiment pourrait basculer si Ahold Delhaize parvient à prouver qu’il peut à rentabiliser ses activités en ligne. Même si cela nécessitera probablement plus qu’une promo sur les barbecues…