Caisse conviviale ou rien, avons-nous appris cette semaine. Et le remplissage des rayons est une compétence que tout le monde ne maîtrise pas à la perfection. Mais surtout : à Halle, un jeu de chaises musicales est en marche. Préparez-vous : Filet Pur vous dit tout !
Passer à la caisse
Il existe deux types de détaillants alimentaires : ceux qui veulent supprimer la caisse et ceux qui veulent la rendre plus conviviale. Aldi Nord fait désormais partie de la première catégorie : ils préfèrent jouer la carte de la sécurité et testent donc pour la première fois un magasin sans caisse. À Utrecht, plus exactement. Et non, il n’arrivera pas en Belgique pendant l’année et demie à venir. On connaît la chanson : s’enregistrer avec une application, des capteurs détectent les mouvements du client, le paiement est automatique. Tout pour que les courses soient aussi faciles que possible, selon l’explication officielle.
Après tout, ils ne pouvaient pas se laisser distancer par leurs collègues d’Aldi Süd, qui font exactement la même chose au Royaume-Uni. Tout comme Rewe, Tesco, Carrefour, Albert Heijn et tous les autres. Eh bien, tous les détaillants suivent Amazon comme des moutons. Une tendance qui s’explique par les attentes exigeantes des consommateurs d’une part, et par des facteurs liés aux coûts et au personnel d’autre part, avons-nous rapporté précédemment.
Discussions royales
Carrefour et Jumbo appartiennent à la deuxième catégorie. En France, Carrefour lance une initiative destinée aux enfants : tous les mercredis après-midi, les hypermarchés réservent une caisse aux enfants, qui peuvent ainsi scanner les articles à leur guise. Une excellente solution à la grave pénurie d’emplois et un geste intelligent sur le plan de l’image de marque de l’employeur, puisque les enfants rêvent maintenant de devenir caissiers plus tard, quand ils seront grands.
À condition que les caisses existent encore, bien sûr. Chez Jumbo, ils en sont convaincus : les magasins sont des lieux de rencontre. Le détaillant prend ainsi les devants dans la lutte contre la solitude, un maux persistant à l’ère numérique. Ainsi, chaque magasin aura sa « caisse bavarde », où le temps s’arrête et où une discussion est comprise dans le prix. Cela faisait longtemps que le Danger Jaune n’avait pas eu aussi bonne presse : les éloges pleuvaient. C’est presque devenu gênant. Et pour ne rien arranger, ils peuvent désormais porter la mention « Royal », à Veghel. Un cadeau du monarque hollandais pour le centième anniversaire. Félicitations, la famille van Eerd !
Rayons vides
Il existe deux types de détaillants alimentaires : ceux où les rayons sont réapprovisionnés et réarrangés quotidiennement, et ceux où les rayons sont plus souvent vides que pleins. Delhaize et Carrefour appartiennent à la deuxième catégorie. Delhaize peine à approvisionner les magasins comme il le devrait à partir du centre de distribution soi-disant high-tech de Ninove, qui s’avère en réalité être plutôt bancal parce qu’on ne voulait pas qu’il coûte trop cher. Ou comment l’épargne est la cause des dépenses incontrôlées.
Et, chez Carrefour, ils se sont rendus compte que l’ externalisation d’unités commerciales vitales comporte des risques. Un sous-traitant trop près de ses sous, un climat social tendu et un politique qui flaire une opportunité communautaire : il n’en faut pas plus pour obtenir un cocktail explosif et indigeste. Des rayons vides : les franchisés n’ont pas aimé, mais comment leur en vouloir ? La grève est terminée, mais le problème est loin d’être résolu.
Mariage problématique
Les problèmes de Carrefour ne seront pas non plus résolus par un mariage avec le rival Auchan pour s’imposer définitivement comme le numéro 1 en France. Les rumeurs vont bon train, mais les analystes et les experts semblent s’accorder à dire que c’est tout sauf une bonne idée.
Auchan est un loser. Inutile de tourner autour du pot. Un groupe de distribution qui repose principalement sur des hypermarchés dépassés et qui est incapable de se réinventer. Avec, en coulisses, un homme de 90 ans qui continue résolument à tirer les ficelles. Le respect des personnes âgées, c’est bien beau, mais il y a des limites. De plus, les chances d’obtenir le feu vert de l’autorité de la concurrence semble quasi nulle. Une fausse bonne idée, donc.
Prix rouge vif
En parlant de perdants : l’ambiance est devenue glaciale ce mercredi soir à Halle, après le traditionnel discours du président. « Cette année ne sera pas une année facile, chers actionnaires. Les prix montent en flèche, les concurrent multiplient les promotions et nos bénéfices sont en baisse nette », s’est ainsi plus ou moins plaint Jef d’une voix morose. Le lendemain matin, l’action semblait être en promotion – prix rouge vif ! – et les sections financières regorgeaient d’analyses cinglantes.
C’est comme ça : les amis sont là quand tout va bien, mais il n’y a plus personne quand tout va mal. Tout d’un coup, tout le monde devient un expert de la distribution, et tous l’avaient vu venir depuis longtemps. Que Colruyt n’est pas assez flexible. Qu’ils ont perdu de vue les citadins et les jeunes générations. Qu’ils se sont tirés une balle dans le pied avec leur stupide garantie de prix bas. Qu’ils se laissent duper par les promotions ingénieuses de leurs concurrents hollandais. Qu’ils auraient dû lancer la livraison à domicile il y a longtemps. Et ainsi de suite.
Chaises musicales à Halle
Tout est vrai, bien sûr, il faut dire ce qui est. Mais pas d’inquiétude : le salut est proche. Parce que Jef a également annoncé un transfert au sommet mercredi. Oui, il y avait encore un budget pour ça apparemment. Nul autre que Dirk Van den Berghe, le Lionel Messi du monde de la distribution belge, rejoint le conseil d’administration. Testé et éprouvé chez Delhaize et Walmart, une longue expérience internationale, focus sur les surplus : cette nouvelle carte va enfin propulser Colruyt Group dans le vingt-et-unième siècle, prenez-en note.
Et pas depuis le banc, soyons clairs. Ce siège au conseil d’administration n’est que temporaire. Un échauffement. Comme l’a dit Niels Bohr, fondateur de la mécanique quantique : « La prédiction est un exercice très compliqué, spécialement quand elle concerne le futur. » Mais nous tentons notre chance : encore un an ou deux, et le PDG pourra prendre sa retraite l’esprit tranquille. Dirk devient le nouveau Jef. Voilà. Oh, et autre chose : un jeu de chaises musicales se prépare à Halle. Sympa. Certains le voient déjà venir. Dites que c’est RetailDetail qui l’a dit. À la semaine prochaine !
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