Distribuer des remises aux dépens des pauvres contribuables : certains retailers fûtés pensent pouvoir s’en tirer à si bon compte. Réussiront-ils leur projet machiavélique ? Cette semaine, Filet Pur dénonce !
Cents et pour cent
Une tendance annoncée depuis un certain temps semble désormais s’imposer dans l’alimentation. L’abonnement est le nouveau Saint Graal du supermarché. Il s’agit évidemment de copier Amazon. Si sa formule Prime lui a permis de dominer le monde, elle doit bien receler une part de génie, non ? Effectivement, si vous faites payer vos clients à l’avance, ils n’iront pas chez la concurrence avant d’avoir récupéré leur investissement. Simple.
Il faut bien trouver une contrepartie. Chez le très tendance service de streaming alimentaire Monopflix de Monoprix, les clients fidèles déboursent 99,9 euros par an en échange d’une remise de 10 % et de la livraison gratuite. Et désormais, Carrefour aussi propose un abonnement payant : une cotisation mensuelle de 5,99 euros y donne droit à une remise de 15 % sur les 7 000 produits de marque de distributeur. L’option semble attrayante, et comme la plupart des clients sont de toute façon trop bêtes pour convertir ces pour cent en vrais cents, elle pourrait même avoir un certain succès. Pour l’instant uniquement à Rouen et dans ses environs, mais rassurez-vous : si ça mord, ils n’hésiteront pas longtemps à Evere.
Montage perfide
À Kobbegem, ils ont choisi une autre voie : l’abonnement à une alimentation saine devient le nouveau chèque-repas. Accorder des remises aux frais du gouvernement : chez Delhaize, rien n’est impossible. Surtout quand ça rapporte 720 euros nets. Ce n’est évidemment pas à un vieux lion qu’on apprend à faire du marketing intelligent… Après s’être approprié le Nutri-Score sans le moindre scrupule, ils présentent aujourd’hui une initiative qui prétend ne servir que la santé publique et le bien commun.
Sans blague. Ce Healthy Membership Program qui ressemble à première vue à une action caritative n’est en fait qu’un perfide montage parafiscal aux dépens du budget de l’État. Le gouvernement fédéral, déjà en difficulté, voit des millions lui échapper. Pire encore : désormais, le pauvre contribuable subventionne le riche client de Delhaize – il n’en va pas autrement en fin de compte. De quoi creuser encore les inégalités. Ou quand l’effet Matthieu devient un outil de marketing. Peut-on tomber plus bas ?
Laissez faire les pros
Il est heureux que Delhaize ait un porte-parole capable de se sortir des situations les plus précaires avec le sourire. Un vrai pro, le meilleur de sa profession. Quoi qu’il dise, vous le croyez immédiatement. Si jamais ils ont besoin de quelqu’un au Grand Cactus, une seule adresse. Ces fausses accusations sur les échappatoires fiscales ont donc été balayées d’un revers de la main. Pas le moindre couac.
Et son grand professionnalisme s’est à nouveau manifesté quand RetailDetail l’a appelé pour une autre affaire potentiellement délicate : qu’un premier franchisé ait décidé de convertir l’un de ses supermarchés AD Delhaize à la formule amie Albert Heijn n’est absolument pas un signe inquiétant, tout au plus une affaire locale. Il faut remettre les choses dans leur contexte, tout simplement. Il n’est donc certainement pas question de dizaines d’entrepreneurs qui entreprennent une réflexion similaire et vont frapper à la porte de leurs collègues de Willebroek ou d’Ingelmunster pour prendre la température et pêcher quelques chiffres. Rien de tout cela. Donc, maintenant, vous la savez : nous avons pris note, évidemment. Hé, nous aussi sommes des pros, après tout.
Désertion
Ce ne sont pas des idiots dans les départements marketing des chaînes de supermarchés. Sauf s’ils travaillent chez Aldi et ont décidé pour une fois d’écrire la vérité. « Prix élevé, qualité médiocre » : il avait pourtant fait un bon score dans le classement Google, mais la direction a fini par juger le nouveau slogan inapproprié. Un membre du personnel sur le point d’être papa qui a brièvement perdu la tête, apparemment. Ou, l’inverse, bien sûr : finalement, cette soi-disant faute de frappe a permis au discounter de bénéficier d’une belle publicité gratuite. C’est dire à quel point ils sont raffinés à Erpe-Mere. Donnez-lui une promotion !
Ils peuvent être heureux chez Aldi : après tout, la plupart des food-retailers éprouvent de plus en plus de difficultés à trouver du personnel et doivent se contenter de second choix. Les chômeurs de l’horeca et de la culture qui étaient venus remplir les rayons pendant les confinements ont déserté. La guerre des talents est en train d’éclater. Mais ne pensez pas que les salaires vont augmenter ou que les conditions de travail vont devenir plus flexibles : nos chers épiciers ne sont pas fous non plus. Ils se contenteront donc d’initiatives sympatoches. Quelques tours de Job Bus, par exemple. Bref, la pénurie n’est probablement pas si grave.
Remise en forme
Et puis ceci : le tout premier Jumbo City du pays va ouvrir à exactement 290 mètres – soit quatre minutes de marche – des bureaux de RetailDetail. Bienvenue, Péril jaune! Nous ne manquerons pas de passer prendre une salade ou une part de pizza. Mais pas tous les jours, ne rêvez pas. Après tout, nous n’avons que l’embarras du choix : il suffit de tendre la main du bureau pour se retrouver avec un wrap au thon, un smoothie ou un Buddha Falafel Bowl super sain.
Oui, depuis cette semaine, le tout premier magasin sans personnel de Foodmaker a ouvert ses portes ici. Une ruse de notre Grand Timonier pour nous faire revenir au bureau après un an et demi de télétravail, bien sûr. Un avantage extralégal face auquel le dispositif d’évasion fiscale mis en place par Delhaize (pourtant présent à peine trois étages en dessous) ne peut rivaliser. Et, surtout, un plan rigoureux de « remise en forme » grâce auquel notre père fondateur espère retrouver rapidement la vigueur de ses jeunes années, quand était encore un athlète accompli et – authentique – mannequin de lingerie. Nous retenons déjà notre souffle pour son passage sur le podium de la RetailDetail Night. Pas vous ? À la semaine prochaine !
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