Le géant de la distribution Walmart va ouvrir GoLocal, son service de livraison sur le dernier kilomètre, à d’autres retailers qui souhaitent utiliser sa force de frappe logistique. Une proposition commerciale apparemment simple, mais qui va bien au-delà de la vente d’un service. Walmart a observé attentivement son grand challenger Amazon et regarde avec envie la mine de données clients qu’il peut ainsi récolter.
Courses livrées en 2 heures maximum
GoLocal est un nouveau service qui s’appuie sur Express Delivery, le service de livraison que le géant de la grande distribution propose déjà à ses propres clients. Via ce service, les courses sont livrées au client dans un délai maximum de deux heures. Express Delivery propose actuellement environ 160 000 articles, livrés à partir de 3 000 points de vente. Walmart dit couvrir ainsi environ 70% du marché américain.
Les coursiers d’Express Delivery proviennent d’une autre initiative de Walmart, Spark Driver. Ce sont ces mêmes coursiers qui seront déployés pour GoLOcal. Mais contrairement à Express Delivery, GoLocal ne fera pas appel à des coursiers externes de DoorDash, par exemple.
Données des concurrents
Jusqu’à présent, il s’agit donc d’une initiative purement américaine. Mais ce que Walmart a l’intention de faire en coulisses en offrant ce service est bien plus intéressant. Un retailer qui souhaiterait utiliser GoLocal devra en effet procéder à certaines intégrations techniques pour relier sa plateforme e-commerce à GoLocal.
Et c’est peut-être le principal point sensible de l’histoire : si cette intégration est peut-être indispensable pour faire fonctionner le service, elle permet également à Walmart de recueillir toutes les données relatives aux clients et aux commandes de ce retailer externe. Une mine d’information potentielle que Walmart pourra ensuite exploiter pour optimiser sa propre offre concurrentielle. Une initiative qui rappelle beaucoup la relation entre Amazon et les retailers externes qui utilisent la plateforme de vente du géant de l’e-commerce.
Vestager
L’an dernier, la commissaire européenne à la concurrence Margrethe Vestager avait encore dénoncé Amazon pour exactement la même pratique : l’entreprise de Jeff Bezos (à l’époque) a été officiellement inculpée pour lire les données sur les produits vendus et les offres faites par des prestataires externes sur sa plateforme et les utiliser pour ses propres offres et prix.
La Commission européenne a ouvert une enquête en juillet 2019, puis décidé qu’Amazon contournait « les risques liés à la concurrence avec les autres magasins ». En outre, une nouvelle enquête sur l’utilisation/abus de ses propres services logistiques par Amazon a été immédiatement ouverte : Amazon favoriserait les clients de ces services par rapport aux autres dans ses algorithmes. C’est toutes ces opportunités liées aux données, dans un environnement bien éloigné des ingérences de l’Union européenne, que Walmart lorgne désormais.