Dans un communiqué de presse étonnant, le géant des aliments surgelés Iglo met les consommateurs face à leur responsabilité dans la recherche commune d’une chaîne alimentaire plus durable. « Les efforts déployés pour protéger le climat et accroître la durabilité ont un prix qui ne pourra être supporté par les seuls fabricants à long terme », peut-on y lire
Le point de basculement t
Aucun événement particulier n’explique la publication de ce communiqué étonnant. Il semble plutôt qu’on ait atteint un point de basculement où il est désormais impossible d’épargner au consommateur final l’augmentation du coût des matières premières. Antje Schubert, directrice générale d’Iglo pour l’Europe occidentale, est assez directe : « Des ajustements des prix sont non seulement nécessaires, mais aussi indispensables pour une question d’équité et d’appréciation. »
Antje Schubert énumère ensuite les différents facteurs qui rendent l’augmentation des coûts insoutenable. Le premier est le fait que les consommateurs recherchent des produits fabriqués de manière plus durable, un processus qui, presque par définition, implique également des coûts plus élevés. À cela s’ajoutent d’autres éléments comme le changement climatique, qui affecte les conditions météorologiques et entraîne des pertes de récoltes plus fréquentes, ainsi que l’augmentation rapide des coûts de l’énergie et du transport.
Substituts de viande et poisson
Iglo et sa société mère Nomad Foods – dirigée par Belge Stéfan Descheemaeker – sont concrètement impactés par cette problématique dans la pêche. Iglo s’est engagé à proposer presque exclusivement du poisson provenant de zones de pêche gérées de manière responsable, mais même là, la situation est complexe. Un exemple concret est la pêche au colin d’Alaska, un fournisseur majeur, où la combinaison de Covid-19 et de deux mauvaises saisons de pêche a eu un impact considérable.
Anthe Schubert attire également l’attention sur le coût des nombreuses alternatives à la viande qui font actuellement fureur. « La tendance à réduire la consommation de viande et d’autres produits d’origine animale touche désormais l’ensemble de la société et n’est pas un phénomène passager », explique-t-elle. Iglo s’engage à poursuivre dans cette voie, mais évoque assez ouvertement le « développement extrême des coûts » dans ce segment.
Négociations difficiles
Iglo ne précise pas ce qu’il faut attendre pour les mois et les années à venir – si ce n’est que nos bâtonnets de poisson deviendront inévitablement plus chers. Il faut surtout y voir une ouverture en fanfare à des négociations qui s’annoncent corsées avec les retailers qui vendent les produits de la société à l’utilisateur final. Et un signal d’alarme pour nous tous : durable et bon marché ne sont pas synonymes.