Dans un rapport sévère intitulé « Not In This Together », Oxfam classe les supermarchés en fonction de la façon dont ils ont traversé la crise du coronavirus. En gros : les bénéfices élevés ont permis de dégager d’importants dividendes pour les actionnaires et des primes pour les cadres supérieurs, mais ce sont les employés vulnérables de la chaîne d’approvisionnement qui en ont fait les frais. Le conseil d’Oxfam : surveiller de plus près les abus auprès des producteurs et des fournisseurs.
Fiche d’évaluation des supermarchés
Selon Oxfam, les supermarchés sont l’exemple par excellence de la façon dont la crise du coronavirus a exacerbé les inégalités dans le monde. L’ONG s’appuie sur des chiffres effarants : la pandémie de coronavirus a déjà fait disparaître un total de 3 700 milliards de dollars (environ 3 100 milliards d’euros) de revenus, les femmes et les jeunes étant souvent les plus durement touchés.
Cet énorme montant contraste fortement avec les bénéfices que les supermarchés et leurs propriétaires et/ou managers ont récolté au cours de la même période. Oxfam a donc étudié une sélection de groupes de supermarchés internationaux, repris dans sa « Fiche d’évaluation des supermarchés ». Il s’agit de géants cotés en bourse comme Tesco, Walmart et Ahold Delhaize, et de chaînes privées comme Aldi (Nord et Sud) et Jumbo.
Selon les calculs d’Oxfam, les entreprises cotées en bourse figurant dans cette fiche d’évaluation ont vu leur valeur de marché augmenter de 85 milliards d’euros sur la période allant de mars à décembre 2020. Les dividendes versées aux actionnaires ont ainsi grimpé de 123 %, soit un montant total de 18,8 millions d’euros. Il est plus difficile d’obtenir des chiffres précis pour les entreprises non cotées en bourse, mais Oxfam constate que la famille Albrechts, la famille derrière Aldi, et la famille Schwarz (propriétaire de Lidl et Kaufland par le biais de Schwarz Group) ont vu leur fortune augmenter respectivement de 37 et 30 % en moins d’un an. Avertissement concernant cette dernière information : ces chiffres ne proviennent pas d’une source indépendante et sont purement à la charge d’Oxfam.
Tesco en tête, Edeka dernier
La chaîne de supermarchés britannique Tesco est en tête sur la fiche d’évaluation des supermarchés, une donnée toutefois relative au vu de son score total de 46 %. Le groupe allemand Edeka est au bas du classement. Parmi les supermarchés actifs au Benelux, Lidl obtient le meilleur résultat avec un score de 32 %, ce qui lui vaut la quatrième place au classement. La liste complète peut être consultée à la page 32 du rapport complet d’Oxfam.
Suite à ce rapport, l’organisation appelle donc les supermarchés, et par extension les gouvernements, à s’investir davantage dans la surveillance des chaînes d’approvisionnement afin de mieux détecter et traiter les abus. Cet appel ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd : lors d’une analyse similaire en 2019, Albert Heijn s’était déjà engagé à s’investir davantage pour promouvoir le respect des droits de l’homme. À la suite de cette édition, Jumbo s’était également engagé à cartographier les inégalités de genre dans la chaîne d’approvisionnement.
Ahold Delhaize souligne cependant qu’il ne suffit pas de réduire la cause et la solution des problèmes aux bénéfices réalisés par les supermarchés. « Beaucoup d’acteurs sont impliqués dans la chaîne alimentaire, dont nous sommes à l’extrémité. Résoudre ces problèmes avec les finances de l’année dernière n’est pas une tâche facile. Il s’agit de problèmes mondiaux », indique la NOS.