La pénurie persistante des matières premières et des matériaux de construction se fait de plus en plus sentir dans le secteur du retail. Des spécialistes de ces matériaux, qui voient les délais de livraison s’allonger et les prix augmenter, aux entrepreneurs spécialisés dans l’aménagement de commerces, obligés de faire preuve de créativité. RetailDetail a recueilli quelques témoignages.
Offre et demande
La problématique de la pénurie s’est déjà posée à plusieurs reprises. Il s’agit d’un problème classique d’offre et de demande qui trouve principalement son origine dans la crise sanitaire. Celle-ci a conduit de nombreux producteurs à ralentir leurs activités, et ils craignent désormais d’accroître trop rapidement le rythme. Dans le même temps, l’appétit de la Chine pour les matières premières, stimulé par une reprise économique soutenue, est plus important qu’avant la pandémie. Et les États-Unis, portés par des programmes de relance massifs, vident également les entrepôts mondiaux.
Et ce phénomène ne se limite pas au vélo, l’un des secteurs les plus évoqués. Même des matériaux de base comme le bois et différents métaux sont de plus en plus difficiles à trouver ou voient leur prix s’envoler. Et cela se fait sentir tant chez les vendeurs de ces produits que chez leurs clients, dont les retailers et les promoteurs immobiliers qui veulent construire de nouveaux immeubles commerciaux.
Augmentation de 50% pour le bois
Mais la fédération du secteur Comeos se garde bien de tirer la sonnette d’alarme. « La dernière consultation de nos membres actifs dans le secteur du bricolage a effectivement révélé que les prix de certains groupes de produits, le bois en particulier, montaient en flèche », déclare le porte-parole Hans Cardyn. « Des hausses de 50% n’ont rien d’exceptionnel. Il va sans dire que les prix en magasins suivent cette évolution. Les marges sur ces produits sont faibles. » Hans Cardyn reconnaît également que l’approvisionnement en matériaux est « plus difficile, mais il n’est pas question de rayons vides ou de magasins fermés », souligne-t-il.
De l’autre côté du spectre, parmi les entrepreneurs à la recherche de matériaux pour de nouveaux immeubles (commerciaux), l’atmosphère est plus à l’inquiétude qu’à la panique. Stamhuis, entrepreneur spécialisé dans l’aménagement de commerces, reste calme face à la situation. Le groupe néerlandais est le principal entrepreneur d’Albert Heijn dans notre pays. Toujours en pleine expansion en Belgique, l’enseigne a annoncé l’ouverture de deux nouveaux magasins mercredi dernier. « Nous n’avons aucun problème avec nos fournisseurs pour le moment », explique-t-on chez Stamhuis.
Chez Mitiska Reim, un promoteur immobilier spécialisé dans le (re)développement des sites commerciaux, on est également vigilant. L’un de leurs projets phares est Malinas Park, un nouveau centre commercial à Malines qui abritera également le premier Albert Heijn XL de notre pays.
Du béton au lieu de bois ou d’acier
Ce projet doit être inauguré en grande pompe le 28 octobre. Cela semble encore lointain, mais tous ceux qui ont une certaine expérience des chantiers de construction savent que le temps peut passer très vite. Mitiska Reim souligne toutefois que le calendrier est toujours respecté : « Le chantier est suffisamment avancé pour que tous les entrepreneurs aient pu se couvrir à temps contre les hausses de prix », explique Jan Du Bois. « Pour les appels d’offres en cours dans d’autres projets, nous constatons une légère hausse des prix, mais aucune information alarmante ne nous est parvenue en matière d’approvisionnement. Ce qui ne nous empêche pas de chercher des alternatives pour limiter l’augmentation des coûts. Nous pouvons par exemple remplacer des poutres en acier ou en bois par des poutres en béton. »
Chez Delhaize aussi, on trouve la situation particulière : « Nous observons des hausses de prix de 10% sur des matériaux de construction comme le bois et le métal, ce qui reste considérable », déclare le porte-parole Roel Dekelver. « Mais des installations comme les présentoirs réfrigérés souffrent également du même phénomène. Les délais de livraison, auparavant d’environ huit semaines, atteignent désormais dix à onze semaines. Et ces retards ne sont pas seulement imputables aux matières premières, mais aussi à la pénurie mondiale de puces. » Roel Dekelver nuance cependant l’impact : « Nous devons faire face à des retards et des hausses de prix, mais pas au point de reporter nos projets. Nous espérons cependant que la situation s’améliorera en 2022 quand les usines tourneront à nouveau à pleine capacité et la demande se normalisera. »