Pour l’industrie brassicole belge, 2020 est une année à oublier. Au niveau national, la consommation de bière a reculé d’un peu moins de 20 %. Et les exportations qui avaient compensé la baisse des ventes domestiques ces dernières années ont également subi l’impact des mesures sanitaires dans le reste du monde. Résultat : 2020 est la pire année pour le secteur brassicole belge depuis la Seconde Guerre mondiale.
Baisse de moitié dans l’horeca en Belgique
C’est ce qui ressort des chiffres de Brasseurs Belges, la fédération sectorielle. Ces chiffres sont éloquents. Les volumes ont baissé de moitié dans l’horeca belge, passant de 2,95 millions d’hectolitres en 2019 à 1,54 million d’hectolitres l’an dernier. Ce recul a été en partie contrebalancé par l’augmentation des ventes dans les supermarchés, qui ont progressé de 2,6 %. La crise sanitaire a ainsi accéléré la tendance à long terme en faveur de la consommation à domicile.
Même s’il s’agit évidemment d’un instantané biaisé par la pandémie. Il faut à présent observer à quelle vitesse l’horeca belge se redressera de plusieurs mois de fermeture. Krishan Maudgal, directeur de Brasseurs Belges, veut avant tout que l’on supprime au plus vite les restrictions de capacité dans les pubs. « Nous devons à nouveau pouvoir boire des pintes au bar dès que possible », a-t-il déclaré au Standaard.
Vague de faillites imminente
Reste à savoir si l’assouplissement arrivera à temps pour certains établissements horeca. Le secteur craint une vague de faillites. Dans De Tijd, le leader sur marché AB InBev estime que 30 % des cafés et restaurants devront fermer définitivement leurs portes au cours années à venir. La crise sanitaire a épuisé les réserves financières. De nombreux cafés ne doivent leur survie qu’aux aides publiques et aux sursis de paiement accordés par les propriétaires, les banques et le fisc. Mais ces mesures vont prendre fin. Et leur abolition risque d’être le coup de grâce pour de nombreux établissements.
Les nombreux brasseurs de notre pays doivent également s’adapter à cette réalité. Les exportations n’ont pas contrebalancé la baisse des volumes domestiques. Les exportations vers l’Europe ont certes assez bien résisté, notamment vers la France et le Royaume-Uni post-Brexit. Elles ont progressé de 3,3 % en volume. Mais les exportations vers le reste du monde ont reculé de 18,3 %. Le fait que les bières belges se vendent souvent dans les supermarchés en Europe alors que le reste du monde les consomme principalement dans les établissements horeca n’y est pas étranger.
Cela signifie également que ces exportations mondiales vont reprendre au fur et à mesure que les restrictions seront assouplies dans l’horeca. Mais cette crise va coûter cher à de nombreux brasseurs, rapporte De Tijd. Ceux qui étaient très tributaires de l’horeca jusqu’à présent, comme la brasserie Haacht, ont ainsi dû adapter leur stratégie et se concentrer davantage sur les ventes dans les supermarchés et les magasins de boissons.
CONSOMMATION DE BIÈRE EN BELGIQUE (EN HECTOLITRES)
(Image rapport annuel Belgian Brewers)