Emmanuel Faber, CEO de Danone jusqu’à la mi-mars, sort du silence : il a été évincé par des actionnaires activistes avec lesquels le conseil d’administration s’est « compromis ». Selon lui, il est urgent de réformer le conseil d’administration.
Licenciement sous de faux prétextes
Emmanuel Faber estime que l’indépendance de Danone est en danger : l’entreprise est devenue la proie d’une politique d’entre-soi et le conseil d’administration s’est compromis avec des actionnaires activistes devenus trop puissants. C’est ce que l’ex-CEO manifestement dépité a laissé entendre lors d’une audition devant la Commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale française, qui enquête sur les événements.
Selon Emmanuel Faber, non seulement la pression des actionnaires était infondée, mais la mesure dans laquelle le conseil d’administration s’est laissé influencer par ces grands investisseurs était carrément dangereuse. Un conseil d’administration est censé être indépendant, mais l’ancien CEO évoque des manipulations mutuelles – les actionnaires ont réussi à influencer des membres du conseil d’administration, mais inversement, des activistes internes au conseil ont utilisé les actionnaires à des fins personnelles.
Emmanuel Faber dit en avoir été la victime et son licenciement s’est fait sous de faux prétextes. Ceux qui l’accusent de performances financières insuffisantes oublient l’état dans lequel il a trouvé l’entreprise à sa prise ses fonctions en 2014. Sans compter, bien sûr, la pandémie. L’idée selon laquelle les actionnaires activistes ont été contraints d’intervenir est également fausse : ils sont venus en raison de dysfonctionnement du conseil et en sont autant la conséquence qu’ils en sont la cause, conclut l’ex-directeur.
Loi
« Des visages d’arrière-garde ont pris le dessus » dans un « jeu extrêmement malsain », cite Les Echos. « Les activistes ont obtenu des choses qu’ils n’espéraient même pas. Quand on démarre un jeu comme celui-là, c’est un jeu dangereux », a déclaré Faber, qui est convaincu que son départ n’est qu’une première bataille dans une prise de pouvoir. Selon Emmanuel Faber, il est donc urgent de réformer et de renouveler le conseil d’administration.
Pas seulement chez Danone : partout en France et en Europe, des lois devraient mieux encadrer le fonctionnement des conseils d’administration pour mettre fin à l’entre-soi et à « l’inflation des rémunérations », estime Emmanuel Faber. Selon sa vision, les conseils devraient également être soutenus par une meilleure législation.