Une proposition visant à interdire toute comparaison entre les produits laitiers et les boissons végétales a été retirée par le Parlement européen. Les producteurs de boissons au soja, par exemple, auraient pu se voir interdire l’utilisation de briques en carton, du terme « alternative aux produits laitiers » et plus encore.
Pas de briques en carton et pas de photos
Officiellement, le lait d’avoine ne peut plus porté l’appellation « lait », tout comme le yaourt de soja ne peut plus être qualifié de « yaourt ». Mais avec l’amendement 171, les lobbies agricoles ont tenté de renforcer la réglementation : les produits végétaliens ne devraient pouvoir afficher aucune référence ou ressemblance avec des produits laitiers. Des appellations comme « alternative végétale au yaourt » induiraient le client en erreur, selon eux, mais ça ne s’arrête pas là.
Ils voulaient interdire l’utilisation de briques de lait rectangulaires ou de blocs de margarine, ainsi qu’images sur les emballages de yaourt au soja, qui feraient trop penser à des produits laitiers d’origine animale. Les comparaisons avec les produits laitiers dans les communications, par exemple sur des émissions de CO2 ou une teneur en matières grasses plus faibles, risquaient également d’être interdites.
La censure n’est plus à l’ordre du jour
C’est le député européen socialiste français Eric Andrieu qui avait présenté la proposition, approuvée en octobre, mais face à un important lobby du camp adverse, il retire désormais la proposition. Sous l’impulsion de la Good Food Institute, 21 ONG ont immédiatement envoyé une lettre ouverte, tandis que l’organisation sectorielle internationale ProVeg a lancé une pétition à l’intention des consommateurs. Celle-ci a récolté près d’un demi-million de signatures.
« La censure des produits laitiers végétaux n’est plus à l’ordre du jour. C’est une grande victoire pour la planète et l’industrie végétale », a répondu ProVeg avec soulagement. « Plutôt que de perdre du temps sur des propositions inutiles, les dirigeants de l’UE devraient traduire leurs ambitions climatiques en actes et aider les consommateurs à faire des choix plus durables », déclare Elena Walden, responsable politique chez Good Food Institute Europe.
Parallèlement, ProVeg continue de contester l’interdiction de l’appellation « lait ». « L’industrie laitière n’a pas le monopole de notre langage commun », indique l’organisation. Le lait et le fromage végétaux affichaient déjà une croissance des ventes à trois chiffres entre 2018 et 2020. Entre 2019 et 2025, la valeur du marché devrait plus que doubler pour atteindre plus d’un demi-milliard d’euros.